[Klov4] Hangar 234a

"500 l'unité, mais je fais toujours un prix d'ami pour les cocus et les nouveaux célibataires...Alors pour toi, ce sera 450. "

Mikelu boit de nouveau. Son calme parfait et sa stature impeccablement droite jurent avec le sang qui macule sa chemise et son visage blancs. Dans la pénombre de la boutique, son sourire taquin et ses longs yeux gris semblent tout droit sortis des Enfers.
Ban a toujours su qu'une bonne dizaine d'armes automatisées sont pointées dans sa direction, et que deux assassins se terrent dans les ombres, à l'affût du moindre danger. Un seul faux mouvement, un seul dérapage, et n'importe quel client un peu trop expansif se verrait réduit en charpie. Mais Mikelu serait-il aussi serein à l'extérieur, sans ces défenses trop bien dissimulées? Il ne doit la pérennité de son commerce qu'à l'argent de sa famille et à son étrange charisme, ne s'est jamais battu pour se faire une place...Que vaudrait-il en combat? Sait-il seulement se servir de ses propres armes?
Si son frère Adarian est réputé pour sa précision à l'épée, le mystère qui plane autour de Mikelu reste entier, et dérangeant.

"Alors?"

Ban vérifie combien Danny lui a laissé.

"Mmmmh... Je m'attendais à mieux... Mais bon, si c'est le mieux que tu as à me proposer... Marché conclu."

Le forban ne se laisse pas aller à un faux sentiment de sécurité, certes, il devrait, théoriquement, être capable de tuer les gardes de Mikélu, mais rien ne lui garantit que le trafiquant soit une proie facile. Fausse assurance ? Ou bien méritée ? Le pirate n'en a cure. De la même manière qu'il laisse passer les commentaires sur Danny sans s'en offusquer. Tout simplement parce qu'il s'en fout.

"J'aurai d'autres marchandises d'ici un mois..."

Ban est rassuré de constater que Danny n'a pris que 2000 Cris sur les 6500 de la bourse. Il lui reste largement de quoi prendre les deux puces qui s'adapteront à son manteau. Mikelu est au moins honnête sur une chose: ses tarifs!

Bourse éditée.

Ban remporte: Puces E-A75

Armure de Base 2 avec CA=4

La vitalité de Ban augmente et est portée à 4x1000
4000+1200=4200



Mikelu récupère les puces restantes et les range, puis termine sa bouteille d'une traite.

"En revanche, pour me trouver, il faudra te rendre à Ibris, sur Shaosel. J'ai décidé de m'installer dans mon hôtel particulier, je pars dès demain. "

Il jette un bref regard aux cadavres et aux deux hommes toujours inconscients.

"J'espère que tu ne tueras pas trop de mes clients là-bas. Il ne faudrait pas que cela devienne une habitude..."

"Tu dis ça comme si ça t'approvisionnait pas en armes et en thunes. Ibris sur Shaosel hein ? Bon, j'essaierai de te trouver là-bas quand j'aurai le temps... Et je recommenderai à Danny les délices de la suite impériale dans ton hôtel quand je retomberai dessus. Sur ce, je ne te dérange pas plus longtemps, tes femmes de ménages vont avoir du boulot."

Le forban se lève, prend ses affaires et va aller se faire voir ailleurs.

Plus précisément, il part en quête de certains objets.

De la "poudre de fée", alliage de poivre et de cristaux électro-magnétisés, idéal pour faire perdre une piste aux chiens et aux robots -redoutable contre les chiens cyborgs- une combinaison "explorateur 8000-1" qui a le bon goût d'être imperméable à la chaleur et de ne donc pas être détectable aux lunettes de vision nocturne, des rations, un couteau de survie, alliage parfait d'une arme, d'un GPS rétractable, d'un mini briquet, et le plat de la lame est enduite d'un réactif chimique qui, une fois activé, diffuse de la lumière pendant deux heures. Cinq mètres de corde, des grenades fumigènes, des fils de pêche... Et tout un tas de trucs utiles pour une expédition, ainsi que quelques grenades hautement explosives.

Mais il garde le meilleur pour la fin.

Il marche longtemps, jusqu'à une partie de la ville très peu peuplée.

Là, il le trouve. Une des rares personnes qu'il respecterait presque et à qui il s'adresse avec une politesse non feinte. Ce n'est qu'un petit vieux, un aiguiseur de couteau, qui trimballe son outil de travail, une mini-échoppe, à la main, comme une chaise à bras. Un orgue de barbarie sonne, lentement, alors qu'il roule sa bosse.

Le vieux Fenn s'arrête quand il voit son jeune client.

"Salut papi. T'as du temps ?"

Le forban sort son couteau, le tenant par la lame, et le présente à Fenn.

"J'aurai besoin que tu fasses jouer ta magie dessus. J'ai de quoi payer."

Le vieux Fenn sourit de sa bouche presque édentée, Ban ne sait pas encore s'il va accepter le travail, mais il connait les talents du vieux Fenn. Ce dernier est un artisan pure souche, peu connu, à la clientèle très réservée, mais d'un talent extraordinaire. Il y a longtemps, il a aiguisé un scalpel, ce dernier ouvrait les chairs sans demander la moindre force. Un jour, son propriétaire oublia ses clés. Il passa le scalpel dans l'interstice entre la porte et le chambranle, et coupa sans mal à travers le métal, ouvrant la porte. Le scalpel n'en perdit même pas son tranchant, qu'il garda jusqu'à ce qu'il tombe un jour dans la cale d'un vieux bateau, la transperçant sans mal et se perdant au fond de l'eau.

C'était le genre de prouesses que l'on pouvait attendre du vieux Fenn, même si l'histoire était exagérée, connaissant les capacités du vieillard, ce dernier ne la trouvait pas si farfelue.

Le vieux Fenn saisit le couteau, doucement, mais fermement. Il le présente à la pâle et presque artificielle lueur de Klova, laisse jouer les rares rayons du soleil d'Hoshalumb sur la lame, le tournant dans un sens, puis dans l'autre, sourcils froncés, sans jamais le lâcher des yeux. Il passe ensuite une paume ouverte sur le métal, le caressant lentement, puis approche l'arme de son oreille, se figeant pour écouter une musique inaudible, et demeurant ainsi plusieurs longues secondes. Enfin, pour clôturer le rituel, il pique son poignet avec la pointe, laissant perler une minuscule goutte de sang, qu'il regarde glisser le long de son bras. Les marques sur la peau âgée sont nombreuses: piqûres et coupures de tailles et de formes variées semblent se battre pour conserver leur place dans la chair du vieux Fenn.
Son air soucieux ne présage rien de bon. Il lève vers Ban un regard sombre, comme s'il lui reprochait directement l'usure de son arme:

"Bientôt mort. Bientôt perdu."

Ce poignard est le compagnon du pirate depuis longtemps, même s'il savait que cela devait arriver, la sentence est dure à entendre: dans peu de temps, il ne sera plus que l'ombre de lui-même et finira par se briser.
Tout passe, tout a une fin. Certaines sont plus dures à accepter que d'autres.
Néanmoins, le vieux Fenn se tourne vers son chariot. Celui-ci est équipé de six meules différentes, et sans âge, à l'image de leur maître.
Il réfléchit, massant son menton à travers sa barbe sale, s'arquant davantage sous le poids de la décision qu'il va prendre. Enfin, après une attente interminable, il arrête son choix sur la plus petite. Très fine, taillée dans une roche incroyablement claire, elle contraste avec son épaisse voisine de métal.
Le vieux Fenn se rapproche, pose délicatement la lame contre la meule, et actionne doucement la pédale, à un rythme précis, que lui seul maîtrise. Ses mains semblent rajeunir à mesure qu'il aiguise le couteau, elles sont précises et agiles, tournant la lame méticuleusement, alors que les yeux du vieillard s'illuminent régulièrement, lorsque surgissent de fines étincelles blanches.
Les minutes sont longues, mais Ban ne les voit pas passer, hypnotisé par le travail du vieil homme. Lorsque ce dernier termine enfin, et lui tend le poignard, de la même façon que le pirate l'a fait quelques instants plus tôt, ce dernier ose à peine le toucher. Ce serait comme arracher un oeuvre d'art aux mains de son créateur.
Le regard de Fenn n'a pas changé.

Après un moment de stupéfaction, le pirate finit par récupérer son arme.

"Je t'en dois une, Fenn. Et... Combien de cris ?"

"50."

Voilà pourquoi les artistes sont souvent pauvres.

Ban le paie, presque à contrecoeur. Il lui donnerait bien plus. Mais c'était le prix qu'avait demandé le vieux Fenn et le pirate n'avait aucun droit d'émettre une objection.

Il va pour partir, sans un au revoir, comme pour les autres, mais au dernier moment, il se retourne vers l'artisan et s'incline profondément vers lui.

Puis il se redresse et s'en va avec un signe de main comme seul adieu.

"Je reviendrai." Lance-t-il dans le vent.

Mais quelque part... Le pirate sait que sa fin est aussi proche que celle de son arme.

Pourtant, chargé de ses courses, il revient tranquillement au vaisseau et finit les révisions.

C'est au moment où Ban, aidé par Jacky, resserre un joint au niveau du séparateur tri-phasé de température, qu'ilperçoit un drôle de son à l'intérieur même du vaisseau. Dans la seconde qui suit, One apparaît en haut du pont après avoir doucement ouvert le S.A.S. . N'était-il pas censé se trouver dehors? Ban ne l'a pas vu en entrant dans le hangar, et le vaisseau paraissait vide quand il s'est mis au travail. Ah, la téléportation spatiale...
Le rehorith tire quelque chose derrière lui. Sans le moindre effort, il extirpe de l'appareil une Danny ligotée avec des sangles normalement réservées à la marchandises, et parfaitement bâillonnée. En voyant le pirate, elle s'agite furieusement, rouge de colère et de surprise mêlées. Elle qui comptait ne jamais le recroiser...! Elle hurle en sourdine, serrant le bâillon entre ses dents avec rage.
One la porte d'un bras enroulé autour de sa taille, évitant les coups de pieds en la gardant contre lui. Il a pris soin d'enrober son avant-bras avec un tissu épais, pour lui épargner le pire.

"Midô Ban, nous devons partir. Notre délai est court et nous sommes déjà en retard."

Onarian Slivad Ihn Kehir dans toute sa splendeur: froid, méthodique, calculateur, et parfaitement détaché de l'hystérie de Danny.
Sans ajouter un seul mot, il retourne à l'intérieur du vaisseau, accompagné de son ravissant mais insupportable colis.

"Tu tombes à pic, je viens de resserrer le dernier écrou."

Ban se redresse, s'étire, et entre dans le vaisseau.

Il s'assoit sur son siège de capitaine et lance les procédures de décollages, sans oublier de faire ouvrir les portes transversales du hangar.

"Tour de contrôle, Ici le Papa India Golf Echo Oscar November, Charlie Echo November Tango Uniform Romep Yankee, demandons permission de décoller."

"Allez mes cocos, priez pour que j'ai rien oublié !"

Et il appuya sur le fatidique bouton de décollage.

The member 'Midô Ban' has done the following action : Lancer de dés

'100' : 74

Yessssssssss, le vrombissement des moteurs, l'appareil qui se met en branle, les cieux qui s'ouvrent... Ban se pique un délire total ! Il entend à peine la tour de contrôle autoriser le décollage, il allume la sono extérieur et gueule !

"SPECIALE DEDICACE A TOUTES LES BLONDES ! L'ENFER, C'EST LES AUTRES !!! MWAHAHAHAHAHAHAH !!!"

Il part de son rire fou alors qu'il s'élance des étoiles, éteignant la sono, alors que le tonnerre du décollage résonne à travers tout le vaisseau.

Pourtant, tout se finit bien trop vite. Alors qu'ils sortent de l'atmosphère, les secousses cessent, seul le vrombissement du moteur continue. Le pirate reste aux commandes un moment, vérifiant l'absence de poursuites, puis s'étire.

"Je vais dans mes quartiers. J'ai enclenché le pilotage automatique. Tant qu'il n'y a pas de problèmes, je n'aurai pas à m'occuper du vol."

C'était parti...

Rhoh, allez, raider une prison horusienne, c'est quoi ?

Moins futile qu'essayer d'échapper à One, suppose le pirate.