[Klov4]Bas-Fonds, Métro

Ban se glisse dans les couloirs de la ligne V, quelques détails dans sa manière de marcher dénote de son état d'alerte. Il est totalement relaxé, prêt à tout moment à réaliser une esquive impossible ou à donner un coup de couteau sans signes avant-coureur. Il en profite néanmoins pour diriger une partie de son attention pour parler à Danny.

"Danny, je sais qu'il est terrifiant l'Ivil'Din, mais il est absolument impératif que tu restes calme. Ne laisse personne te marcher sur les pieds, sinon on se retrouve dans une situation difficile. A ton avis, un humain sans talents, sans pouvoirs, la base de la base, à bord du Hope, tu crois qu'il a peur des Horusiens ? A moins qu'ils ne sortent une Arma le Hope doit être pratiquement invincible. Puisque leur vaisseau est invincible, ils se sentent invincibles, tu vois le lien ? Si tu as peur devant Ivil'Din, cela sous-entend qu'il peut te mettre en danger, et donc qu'Ivil'Din est plus fort que moi et One, puisqu'il faudrait nous passer sur le corps avant qu'il ne pose sa grosse paluche sur toi. A Klova, soit tu persuades ton interlocuteur que tu es prêt à le dévorer et qu'il n'a aucune chance de victoire, soit tu te fais dévorer. Et je n'ai pas le temps de massacrer tous ceux qui se croient à ma hauteur. Rassure-toi, tes deux gardes du corps n'ont rien à craindre de personne. One de face et moi de dos."

Ban balaie la station du hangar.

"One, tu as dit que tu pouvais retrouver ma signature mentale dans toute une ville, non ? Et pour ce qui est de sonder les esprits, c'est quoi ta limite en nombre et en distance ? Al'Fendora doit avoir une signature tout à fait particulière, il y a des chances pour qu'elle soit facilement différenciable du reste du tas."

Dans son crâne, Ban fit tourner en boucle ses pires souvenirs, ou les meilleurs, selon son point de vue, essayant de protéger ses pensées derrière cet écran de souvenirs. Foutus télépathes.

"Ce n'est pas aussi simple. Déclare One. De très nombreux facteurs peuvent influencer mon écoute. La distance, le nombre, la durée, la nature des esprits, leur état général...Sans avoir pu entendre un esprit de près, il est difficile de le séparer des autres même si l'on considère qu'il est "particulier". Beaucoup de créatures ont des "signatures" de nature surprenante, et j'ignore à quel type appartient celle d'Al'Fendora. Certaines situations peuvent permettre de faire un tri véritablement efficace. Prenons l'exemple d'un enterrement classique: les personnes proches du défunt se rassemblent et sont affectés par sa perte. Leur tristesse est alors commune, et les sonorités des esprits tendent à s'accorder...Elles se ressemblent parfois au point de devenir quasiment identiques pour un télépathe étranger à leur communauté. Il est alors très simple pour ce même télépathe de déterminer qui n'est pas animé par la tristesse."

Danny fronce les sourcils.

"Et si c'était un mouvement de panique général?
-L'effet est le même. La véritable difficulté réside alors dans le fait que d'autres données entrent en ligne de compte. Dans un cas de panique, le télépathe n'a que très peu de temps pour détecter les esprits les plus forts, et les trier. Or, plus la foule est nombreuse, moins il est facile d'entendre les sonorités lointaines. Il doit donc être particulièrement à l'écoute, tout en se déplaçant pour couvrir l'ensemble de la zone qui l'intéresse. Les données physiques entrent alors en jeu: les coups, les bousculades...Autant de choses qui peuvent déconcentrer le télépathe et lui faire perdre le fil de ses recherches.
-Mais là, il y a peu de monde, et toi, tu as plutôt un bon niveau, non? Si on déclenchait une panique...
-Vous avez vous-même décrit Al'Fendora comme un être paranoïaque. Pensez-vous réellement que son esprit résistera à la peur, et se détachera de la masse? De plus, nous ne sommes pas certains qu'il se trouve réellement ici, créer un tel mouvement de foule sans avoir la moindre certitude et réaliser finalement que c'était un coup dans l'eau nous fera perdre une cartouche, car ce stratagème ne pourra fonctionner qu'une fois.S i vous voulez que j'utilise mes dons pour trouver Al'Fendora, il va nous falloir de plus amples informations à son sujet. Les sonorités sont presque toujours en rapport avec la personnalité des personnes qui les diffusent."

"Hey, on a un des meilleurs télépathes du coin de notre côté, ce serait stupide d'ignorer tes talents. Bon, alors, un mutant paranoïaque... suffisamment cinglé pour diriger une planète qu'il fait se déplacer dans l'espace... Il fait régner l'ordre par la terreur si je me souviens bien... Pas qu'il ait un autre moyen pour contrôler tous les contrebandiers du coin, hein ! Hmmmm... Bon, ça ne coûte rien d'essayer. One, tu pourrais rechercher dans la station un esprit avec des similitudes avec le mien ? Je suis également un mutant et la paranoïa fait partie de mes déficiences mentales."

Alors qu'un sourire amusé naît au coin des lèvres de Danny, One répond:

"Si vous voulez..."

Il balaie la station des yeux, puis se fige, comme s'il avait aperçu une chose qu'il est le seul à voir, et demeure ainsi plusieurs secondes, plus silencieux que s'il était mort. Danny, quant à elle, surveille calmement les alentours avant de s'adresser à Ban.

"Au fait, pour ce que tu disais tout à l'heure, sache que c'est vraiment un truc de mec de montrer qu'on est le plus fort pour être le plus fort! Et je trouve ça idiot."

"Un truc de mec ?" Reprend-il plus bas pour laisser One à sa concentration "Tu nous surestimes beaucoup. C'est un truc d'animal, le premier lien qui a existé entre les créatures : L'intimidation. Pour éviter d'avoir à tuer une autre créature, on lui fait peur, on lui montre qu'elle ne fait pas le poids, si un homme ne fait pas preuve d'intimidation dans un entourage violent, comme celui ici, il va rameuter tous les connards de la planète, et s'il est capable d'en tuer un, deux ou trois, il n'est peut-être pas capable de les tuer tous. Et les chacals adorent les proies déjà affaiblies. Dans mon cas, je n'ai tout simplement pas le temps d'occire tout ce qui bouge et pense avoir une chance de me faire la peau. Personnellement, je n'en tire aucune fierté, je te l'ai dit, quelque soit ma force, quelque soit la leur, en définitive, elle est dérisoire et inutile. S'il suffisait de parler en vers pour dissuader tous les couillons de la planète de me chercher des poux, j'arrêterai de rouler des mécaniques et je t'insulterai en finissant chaque alexandrin par des rimes riches."

Il tourne la tête vers One, continuant à faire tourner en boucle ses souvenirs, et s'inquiète un peu de l'inaction de cet idiot.

Nerveux, il tourne la tête de droite à gauche, cherchant ce que voit One ou, à défaut, une menace potentielle.

"Si je suis toujours en vie à l'heure actuelle, ce n'est pas parce que j'ai roulé des mécaniques, au cas où tu l'aurais oublié. Lâche Danny sur un ton hautain. Mais tu vois...
-Par là."

Sans prévenir, One commence à avancer dans la direction que son propre regard suit depuis plusieurs minutes. Danny abandonne son argumentaire et lui emboîte immédiatement le pas, continuant de surveiller ce qui les entoure.
Au bout de plusieurs centaines de mètres, le rehorith se fige une nouvelle fois, forçant ses deux compagnons à faire de même. Ils se trouvent près d'un distributeur de nourriture, et Danny s'en rapproche d'un air décontracté et, par un procédé inexplicable, récupère une barre sucrée ainsi que le triple de sa monnaie.

Mais le rehorith ne donne aucune explication, et ne tarde pas à reprendre son avancée, avec un signe de tête pour toute indication de la direction à suivre. Tout en marchant, Danny dévore sa barre sucrée sans un mot, levant seulement la tête de temps en temps, pour observer les horaires des prochaines rames.
Enfin, One marque une pause définitive, et fixe un homme du regard, l'indiquant à ses compagnons d'un bref mouvement de menton. Assis en tailleur au pied d'un mur, un case de guitare vide sous le nez, il ne semble pas remarquer la présence des personnes qui passent devant lui et lui laissent parfois un cris ou deux pour berner leur conscience.



"Tes sûr que c'est lui? Murmure Danny à l'intention de One.
-Affirmatif." Répond ce dernier.

La jeune femme se tourne vers Ban.

"Comment t'aimerais qu'on t'aborde pour parler affaires?"

"Euuuuuuh... C'est une excellente question... La plupart du temps on m'aborde à l'arrache et ça manque de barrer en fusillade... Hmmmm, voyons, si je devais choisir..."

Ban tape dans ses mains, s'approche d'Al-Fendora et affiche un grrrrrrrrrand sourire.

"Au revoir. Je ne me présente pas. Je t'offre une bière ?"

L'autre mutant lève les yeux vers Ban et hausse un sourcils, avant de plisser les yeux avec suspicion.

"Et en quel honneur, je te prie?

Danny et One se sont légèrement rapprochés, mais demeurent tout de même à distance raisonnable des deux hommes, afin de ne pas les déranger. Pourtant, Al'Fendora les désigne d'un mouvement de menton.

"Et eux, c'est qui? Tes gardes du corps? "

Bon, il a pas dégainé de flingue, ne l'a pas enfoncé dans ma bouche et n'a pas tiré, donc je suppose que ça se passe plutôt bien.

"Alors, pour les deux avec moi, le grand là, c'est One, et on peut dire qu'il se rapproche un peu du rôle de garde du corps, mais il suit surtout ses propres plans, il se trouve juste qu'en ce moment, il a besoin que je vive -et reste en bonne santé- la petite, c'est Danny, elle est pas encore au courant, mais elle a rejoint mon équipage."

Midô hausse les épaules.

"Pour le godet, y'a pas de raisons particulières, sauf que le premier connard qui m'aborde pour parler affaires sans me proposer de l'alcool, je lui colle mon flingue contre la tempe. Et le crétin qui est suffisamment con pour croire que je vais accepter une boisson des mains d'autrui, avec tous les risques dû aux empoisonnements mérite qu'on lui tire dessus. Alors je suis le proverbe "ne fais pas à autrui ce que tu n'aimerai pas qu'on te fasse" et je te propose un bon compromis. Bon, on va se le prendre ce verre ?"

Al'Fendora remonte ses lunettes sur son nez, puis ferme son case et se relève lentement.

"J'aime pas trop l'idée, ça sent le traquenard puant, mais d'accord, je te suis, j'ai bien besoin d'un remontant un peu acide."

Il adresse un signe de main à One, tout en l'interpellant:

"Eh, mec, viens porter mes affaires, j'ai la flemme de le faire moi-même."

Le visage du rehorith demeure invariablement froid, et ce dernier ne bouge pas d'un pouce.
Après plusieurs secondes d'attente, Al'Fendora pousse un long soupir, tournant les yeux vers Danny.

"Et toi, beauté, y a pas moyen?
-Allez vous faire voir, je suis pas votre bonniche!"

Déçu, le mutant pince les lèvres et se baisse pour soulever son case, qui paraît incroyablement lourd. Il soupire encore une fois, avec une apparente lassitude, puis s'adresse de nouveau à Ban:

"Bon, tu veux aller où?"

"Là où je ne risque pas de me prendre un coup de ton case : là où t'as envie d'aller."

" Y a un bar-resto sympa, pas loin d'ici, on va y faire une petite escale. "


*[Klov4] Bas-Fonds, Ancient Path*

Hiro et Vadaash ont parcouru une bonne partie de la ville sans échanger le moindre mot. Il faut dire que leurs rapports ne se sont pas améliorés, malgré les efforts du rehorith à faire preuve de bonne volonté. Tous deux rejoignent bientôt le métro, qu'ils ont emprunté sur deux stations pour se rendre à l'Ancient Path, et se noient vite dans la foule qui bourdonne sur les quais à cette heure de la journée.
Avançant lentement, pour ne pas se perdre de vue, bien que leurs dons télépathiques leur permettent aisément de se localiser l'un l'autre dans le fouillis général de la gare, ils finissent par s'arrêter près d'un pilier de métal, et attendent l'arrivée d'une nouvelle rame.
Lassé par le silence, Hiro prend la parole:

"Ca fait un drôle d'effet de revoir One, non? Lui qui est toujours en train de traîner dans des endroits mystiques...Il a répondu à pas mal de tes questions finalement, tu dois te sentir plus légère!"

La Soy-Ciel s'arrête net et se tourne vers le Rehorith.
C'en est trop. Il faut qu'elle lui parle, qu'elle arrête de l'ignorer. Une mise au point s'impose.

- Plus légère ou pas, en quoi ça te regarde ? Et puis pourquoi tu n'arrêtes pas d'essayer d'être gentil avec moi ? Je te rappelle que tu as tué un de mes ami, que tu as trahi la confiance que j'avais en toi, que tu m'a vendu à l'Empire, et que tu continues à être sous l'emprise de la Conscience. Comment veux-tu que j'accepte sereinement ton aide, et même ta compagnie ?

Hiro ouvre des grands yeux, surprit par la réaction de Vadaash. Il peut lire la sincérité et la férocité de sa colère dans son regard. Il ouvre la bouche, sans réussir à faire de son, trop étonné de la fureur de sa partenaire. C'est comme si son silence disait "mais attends que je t'explique...". Mais la jeune fille ne lui laisse pas ce loisir.

- En fait... Pourquoi tu essayes de m'aider, Hiro ? Hein, pourquoi ? Tu as encore des ordres de l'Empereur, c'est ça ? Ou alors tu aimes juste me voir souffrir ? Tu veux tuer quelqu'un d'autre, juste comme ça, gratuitement ? Peut-être même moi ? Et tu fais ton gentil pour y arriver, c'est ça ? Tu veux me faire croire que tu as à nouveau changé de camp, que tu t'es détaché de la Consc...

Vadaash s'arrête, brusquement. Non... Ce serait... Elle se rappelle de ce dont est capable One. Elle fait les connexions, établit des liens. Serait-ce possible ?

- Attends... Est-ce que... Est-ce que tu es libéré de l'emprise de la Conscience des Rehoriths ?

Hiro reste un moment muet, médusé par le comportement de la soy-ciel, mais encore plus par sa dernière question. Il passe une main sur son visage, reprenant ses esprits, puis répond:

"Évidemment, et ça fait un bail! Merde, je suis vraiment mauvais en communication, hein?"

Le rehorith se masse la nuque, embarrassé.

"Bah, j'espérais que tu m'avais compris. J'ai essayé de te le dire, plein de fois, de te le montrer, mais...C'est pas mon truc le dialogue, tu sais..."



Il adresse à Vadaash un sourire triste et gêné à la fois.

"J'ai jamais voulu tout ça. J'ai essayé de faire pour le mieux, même si je sais que ça n'excuse rien. Écoute, je suis vraiment désolé pour Nethrim, c'était un chouette gosse, Il méritait pas de mourir. Et je suis désolé de t'avoir faite souffrir, je voulais pas...Mais si Hunter avait compris que la Conscience n'avait plus d'influence sur moi, il m'aurait sûrement tué, et tu te serais retrouvée seule avec lui. Sans moi Luvian n'aurait pas pu le neutraliser, et tu serais encore sur Soraya en ce moment...Il fallait que je joue le jeu...Comme tu ne disais rien, je pensais que tu avais compris. Je pensais que tu savais déjà... Je me suis excusé dans le Cercle et je croyais que c'était suffisant pour...Pfff, je sais bien que c'est inutile, mais pardonne-moi, s'il-te-plaît. Je suis pas comme toi, ou comme tes amis. J'ai pas connu la vie, la vraie. Pour moi tout est nouveau: penser par soi-même, j'avais jamais fait avant il n'y a pas si longtemps. J'étais complètement aveugle, guidé par...Enfin...Tu comprends, je peux pas réfléchir comme vous, je sais pas quels sont les mots justes..."

Il soupire longuement, et sa nervosité a soudain quelque chose d'attendrissant.

"Tu sais qu'il suffit de parler à One une seule fois pour être libéré de la Conscience? Je l'ai rencontré sur Shaosel, après que Luvian m'a libéré et que j'ai tué le roi. Est-ce que tu peux imaginer ce que ça fait? Avoir des remords pour la première fois, après des années à vivre en n'ayant goût qu'à une chose: tuer... J'avais jamais été triste avant, j'avais jamais pensé que je le serais un jour, je savais même pas ce qu'était la peur...Ca m'est tombé dessus comme un immeuble de cinquante étages, et j'étais complètement paumé...Mais tu vois, j'ai quand même choisi mon camp. J'ai quand même pris une décision. Et maintenant l'Empire le sait. Je me suis condamné en aidant Luvian à t'emmener ici."

Il pince les lèvres avec un embarras bien visible.

"Je sais vraiment pas comment te prouver ma bonne foi, Vad'. Il n'y a que toi qui puisse choisir de me croire ou non."

- Je vous aurais bien demandé de m'accompagner retourner voir monsieur One, afin qu'il puisse me confirmer lui-même que vous êtes désormais libre... Mais il ne doit plus se trouver au même endroit, et Klova est grande. Peut-être même est-il déjà ailleurs. La seule chose en laquelle je me raccroche... C'est que les Rehoriths sous l'empoigne de la Conscience ne sont pas aussi expressifs que vous. Ils sont neutre, toujours égal, froid... Et les excuses, le malaise, la gêne, il me semble que ce n'est pas leur fort. Vous devez donc être au moins différent...

Vadaash marque une pause, laissant à Hiro le temps de se remettre de ses émotions. Elle peut voir l'expression étrange qu'il a pris, à mi-chemin entre l'amusement, la contrariété et l'étonnement, depuis qu'elle est revenue au vouvoiement. Il semblerait que le "tu" de Vadaash soit synonyme de dédain, voire d'insulte.

Elle ne sait pas trop comment gérer les excuses d'Hiro. Il la met mal à l'aise... Elle a l'impression, avec le recul, d'avoir été injuste avec lui. Mais comment pouvait-elle être sûre ? Les excuses dans le Cercle de Soraya ? C'était allé si vite, et il était quand même sur le point de la tuer... Son comportement de "gentil" ? Il avait déjà été comme ça avant de la kidnapper...
N'empêche, malgré toutes les excuses que Vadaash peut se trouver, elle a la sensation d'avoir été méchante pour rien. Froide et distante comme un Rehorith. Et c'est contre sa nature de Soy-Ciel, pacifiste et amicale ; contre sa condition d'aide-soignante, altruiste et ouverte aux autres. Ca la met en colère contre elle-même. Tout ce qu'elle ne peut plus reprocher à Hiro, elle le transfère sur elle.

Après ce long silence, Vadaash fait volte-face et reprend sa marche dans les couloirs du métro, pour cacher son énervement envers son inaptitude à comprendre le Rehorith. Mentalement, elle sent Hiro la suivre, se rapprocher d'elle, comme s'il s'inquiétait, comme s'il voulait vérifier qu'elle allait bien.

- Excusez-moi... J'aurais peut-être dû mieux interpréter tout ça. J'ai des circonstances atténuantes, certes, mais je ne peux quand même pas m'y réfugier pour tout. J'aurais dû... J'aurais dû au moins vous poser cette question plus tôt. Je suis désolée, monsieur Hiro...

"C'est pas ta faute..."

Hiro arrête Vadaash en posant une main sur son épaule, la forçant ainsi à lui faire face. Il lui sourit du coin des lèvres.

"Tu sais, même si pour toi ça revient à m'insulter, je préfère quand tu me tutoies. Les "monsieur" et les "vous" à toutes les sauces, c'est bon pour Solerian et les gros bonnets, mais moi, franchement..."

- Désolée... C'est juste que je ne peux pas m'en empêcher... Vous devriez être content que je sois repassé au vouvoiement, c'est signe que je ne vous en veux plus.

Gentiment, sans forcer, Vadaash se libère de l'étreinte d'Hiro d'un discret mouvement d'épaule, et se remet en route.

- N'en parlons plus. Rentrons chez nos hôtes, j'ai hâte d'avoir des nouvelles de monsieur Al-Cid et des autres.

"T'as raison, faut aller de l'avant!"

La rame de métro entre bientôt en gare et les deux compagnons s'avancent vers le bord du quai pour y entrer. Pourtant, avant que les portes s'ouvrent, Hiro passe brusquement devant Vadaash, lui bloquant le passage, et se fige, raide comme une statue. Il fait reculer la soy-ciel, lentement, sans rien dire d'autre que:

"On prend pas celle-là..."

Les portes s'ouvrent juste sous leur nez, et Hiro se raidit davantage en découvrant la personne qui se tient derrière les deux battants coulissants.

"Plague. Murmure-t-il, alors que l'autre rehorith descend tranquillement du métro, les yeux rivés sur son aîné et lui adressant un petit signe de la main.
-Salut Hiro! La forme?"

Le rehorith ne répond pas, il recule encore, à mesure que Plague avance, poussant doucement Vadaash derrière lui.

"J'espère que je t'ai manqué, grand-frère! Toi, tu nous manques à tous.
-Dégage Plague!
-Allez, tu sais bien que partout où tu iras, nous arriverons à te retrouver! Ne sois pas stupide, rends-toi tout de suite, et donne-nous la fille, c'est tout ce que nous voulons.
-Dégage!"

Vadaash commence à avoir la migraine, signe que Hiro est sur le point de céder à la colère et qu'il ne contrôle presque plus son flux télépathique. A force de reculer, les deux compagnons se retrouvent dos au mur. Plague semble satisfait.




"Hellyos sera bien content d'avoir un voisin de cellule! Continue-t-il. Et Lucius prendra probablement beaucoup de plaisir à vous observer tous les deux...
-Je n'ai pas envie de me battre contre toi, Plague!"

Le jeune rehorith pouffe de rire, tournant les yeux vers Vadaash.

"Et toi? Tu préfères quoi? Tenter ta chance contre moi, ou te rendre tout de suite?"

- Euh... Euh...

Il n'y a pas de bonne réponse ! Elle non plus ne veut pas se battre, et de toutes manières elle n'aurait aucune chance. Quant à se rendre, pas question ! Elle vient à peine d'être libérée, elle n'a aucune envie de retourner dans les geôles de l'Empire.

Elle jette un coup d'œil à Hiro. Il ne la regarde pas, il est concentré sur Plague. Une veine palpite sur son front, son self-control semble mis à rude épreuve. Et ce mal de crâne qu'il lui provoque... Avec cet étau dans la tête, il sera encore moins simple de se battre ou de fuir.

... Fuir ?

Cette option n'a pas été envisagée par Plague, qui n'a proposé que la résignation ou l'affrontement. Serait-il possible de s'échapper ? Malgré la douleur qui vrille son cerveau ? Vadaash en doute fort. Mais ça ne coûte rien d'essayer. Au mieux, ils s'échappent ; et au pire, cela retarde le combat.
La jeune fille regarde rapidement autour d'elle. Les gens, sur le quai du métro, semblent ne pas les voir ; et les évitent soigneusement. Plague a du créer une sorte de bouclier, une illusion. Au moins, si Hiro et elle choisissent l'option fuite, il ne seront pas trop gênés par les bousculades...
La seule issue assez proche pour être un échappatoire envisageable est l'escalier d'où ils viennent. Mais il est tout de même à une vingtaine de mètres ; et même une fois atteint, il faudra encore semer Plague dans les couloirs.

La Soy-Ciel panique de plus en plus. Comment s'en sortir ? Des dizaines d'idées lui viennent à l'esprit, toutes aussi aberrantes et impossibles à mettre en œuvre les unes que les autres, elle les rejette toutes une par une. Et cette migraine...

Monsieur Hiro ?! Que faisons-nous ? Je ne peux pas me rendre... Nous pouvons peut-être nous échapper par l'escalier... Mais vous connaissez notre adversaire mieux que moi. Vous pensez que nous aurons le temps ? Que nous serons plus rapide que lui ?

Malgré la tension, Hiro répond instantanément:

"Non, il se téléporte, il nous barrera la route à la première occasion! Et puis..."

Son regard balaie rapidement la gare d'un mouvement circulaire.

"Il ne peut pas être seul. Lyric n'est pas loin, même si je ne le sens pas encore.Bon sang, pourquoi je ne le sens pas!?"

Il jette un oeil par dessus son épaule, l'air soucieux.

"On n'a pas le choix. Il va falloir les battre!"

Plague se tient immobile non loin d'eux, fixant toujours Vadaash, inquisiteur. Il finit par sourire brièvement, puis remonte impatiemment ses manches.

"Alors? J'attends..."