[Spatioport de Lexos] Le Borderless

Pinko n'a pas l'air de bien comprendre la différence entre "jeu" et "cruauté", mais elle fait de son mieux pour essayer, fronçant les sourcils, se concentrant, et tout le bataclan! Le temps viendra sûrement où elle pourra séparer le Bien et le Mal, mais elle ne semble pas tout à fait prête.
Le Borderless n'est pas très loin du vaisseau du pirate, ce qui explique pourquoi l'approche de Barrinder et ses hommes n'a pas été remarquée. Plutôt massif, il occupe une bonne partie de la vue sur les paysages qu'offre le spatioport. La Panjara Nadì, pourtant assez grand, est plus petit que lui.



"Bon...Commente Five. On commence par péter la porte? Ou j'ai pas le droit à un petit plaisir?"

"T'es pas puni que je sache. Allez, amuse-toi."

Le pirate s'allume tranquillement une clope.

D'abord, piller.

"Yes!"

Five s'empresse de traverser le pont du Borderless et s'arrête à bonne distance de la porte. Arrivé là, il se fige, serre les poings et ferme les yeux. Au bout d'un certain temps, le métal de la coque commence à rougeoyer intensément, puis de petites flammes surgissent de cette étrange fusion et lèchent la paroi vers le sommet du vaisseau. Quelques secondes supplémentaires s'écoulent et la porte saute violemment. Une bonne partie de la matière qui l'entourait est projetée à travers tout le spatioport. Five semble isolé par un bouclier invisible, sur lequel ricochent les projectiles métalliques.
Il pousse une exclamation joviale, et bondit sur place.

"WOOOHOOO! CA DECHIRE!"

Le pirate s'avance en se débouchant les oreilles.

"Mouais, joli. Mais ça ne fait pas longtemps que tu essaies de contrôler réellement ton pouvoir, pas vrai ? Hmmmm... Un contrôle du mouvement au niveau moléculaire, j'aurai tendance à dire. Tu fais vibrer les molécules, dégageant de la chaleur par friction, fragilisant le tout jusqu'à ce que ça bouge, pas vrai ?"

A vrai dire, le pirate ne voyait pas d'autres explications. En tant que pyromancien lui-même, il savait à quel point utiliser des flammes contre un blindage était futile. La solution qu'il avait trouvé était la concentration des énergies en un seul point, créant une explosion. Mais les flammes de Five étaient trop faibles, trop éparses. Elles étaient une conséquence, pas une source. Mais de quoi ? De la chaleur. La chaleur enflammait les impuretés, la poussière, par exemple, qui s'était déposée sur la surface de la porte. La chaleur, en elle-même, était simplement la vitesse à laquelle les électrons gravitent autour du neutron. Mais son pouvoir ne résidait pas là. La création de chaleur était également une conséquence, non une source. Non, la véritable nature de son pouvoir s'était révélée au moment de l'explosion. Quand les débris avaient été déviés par une protection invisible. Attaquer le blindage, rien que pour avoir un effet visible, avait pris un moment, mais il s'était protégé en une fraction de seconde. Donc 1 Son pouvoir était encore mal contrôlé. Ce manque d'équilibre était typique des nouveaux utilisateurs. Et 2 Il pouvait contrôler la trajectoire des objets. Les mutants n'avaient qu'un pouvoir l'immense majorité du temps, et Bannounet refusait de croire aux exceptions.

Sur ces pensées, il s'engagea dans le Borderless.

"Micro-ondes! Tu as vu juste!"

Five contemple son oeuvre, pas peu fier du résultat.

"Je dois avouer que le métal, je maîtrise pas encore...Il faut que je me concentre pas mal pour éviter les arcs électriques, du coup c'est un peu long à chauffer. Et encore, là ça va, on est en bord de mer: avec toute l'humidité qu'il y a dans l'air, les explosions arrivent assez vite! Je serais parfaitement inefficace dans un désert!"

Il pousse un rire tonitruant.

"Mais ça dépote grave quand même!"

Et le mercenaire emboîte le pas à Ban.

"J'espère que j'aurai droit à une petite part!"

"Une petite part ? Je te laisse tout, mon bougre ! Toute ton espérance de vie bien sûr."

Le pirate commence à fouiller le Borderless, se demandant ce qu'il va trouver.

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Soudain, l'illumination !

"Olympe ! Attend un peu !"

Il empoigne Five, et le traîne jusqu'au vaisseau, entre avec lui et le fout au beau milieu du vaisseau.

"Okay, écoute bien ce que je vais te dire. Ca t'apprendra un truc terriblement intéressant pour toi et ça te rapportera également des Cris, si tu réussis !"

Il le regarde droit dans les yeux.

"Ecoute, ta compréhension de ton pouvoir est faussée. Le déplacement des molécules est une utilisation de ton pouvoir, mais pas exactement la racine. Les molécules sont organisées. Les vaisseaux sont organisés, agencés. Dans le noir, quelle couleur on voit ? Aucune ! Pour pouvoir les déplacer, pour pouvoir les altérer, il faut les percevoir ! Donc tu peux déceler un changement d'agencement à un niveau moléculaire ! Tu peux scanner le vaisseau et repérer la moindre putain d'irrégularité ! Tu comprends ce que je veux dire ? Tu sous-estimes le côté analytique de ton pouvoir ! Alors pose cette fichue main sur cette putain de carlingue et scanne-moi cette merde."

Il lui laisse le temps de la manoeuvre, vendant le reste du vaisseau aux enchères, ainsi que le démantèlement de tout ce qui est démantelable, jusqu'à ce qu'il ne reste plus que l'ossature que même une putain de décharge refuserait d'échanger contre de la thune.

Quelque soit le résultat de cette dernière tentative, du dernier pillage, de la dernière chance, une fois tout effectué, il laisse Olympe ouvrir le feu et détruire ce putain de mauvais souvenir. Ca enverra un message.

HJ PUTAIN QUE CA PAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAASSE !!! /HJ

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'100' : 84

"Hmm...Ok, voyons ça."

Five s'approche de la paroi et y pose une paume, puis ferme les yeux. Il faut plusieurs longues minutes de concentration avant qu'un sourire satisfait naisse au coin de ses lèvres, puis il se détache du mur, et se tourne vers Ban.

"Amène-toi, j'ai trouvé."

Il entraîne le pirate dans les couloirs du Borderless, tout en déclarant:

"Bien vu le coup de la détection. Y avait tout de même un truc bizarre, mais bon...On verra bien."

Trois corridors plus loin, il s'arrête et s'accroupit, parcourant les contours des dalles métalliques du bout des doigts.

"Là."

Au prix de quelques efforts, il parvient à soulever l'une d'entre elles, qui s'ouvre sur un escalier descendant dans le noir d'une large soute. Il s'y engage sans hésiter, pestant contre l'absence d'interrupteur et l'odeur infâme qui emplit l'air.

"Tu veux bien faire un peu de lumière? Tu peux ça, non?"

Ban l'entend s'arrêter juste devant lui.

"Euh, non, oublie! Surtout pas de flammes. Vu comment ça pue le macchabée, c'est pas une super idée! Merde, y a bien une lampe ici, non? Aaaah! -Le cri est plutôt aigu.- Y a un truc qui m'a touché la jambe!"

Five recule, bousculant Ban au passage, et se planque derrière lui à la vitesse de l'éclair.

"Toi d'abord!"

Ban a tôt fait d'allumer la lampe, pour la simple et bonne raison que ce qu'il voit n'a rien dangereux.

"Oh, merde..." Souffle Five, en se plaçant près de lui.

Sous leurs yeux, une vingtaine de jeunes filles de tous horizons, enchaînées, efflanquées, protègent leurs yeux de la lumière, et s'éloignent instinctivement de sa source. Elles ont entre treize et vingt ans, soy-ciels, altalaviriennes, humaines..., et sont muettes comme des tombes. Elles auraient pu être jolies si on les avait nourries correctement, mais ile st fort probable qu'elles n'ont pas vu de nourriture depuis des jours, et malgré leur faim, un probable sens de l'éthique les a préservées de s'entre-dévorer. Si la plupart ont survécu à leur calvaire, quelques unes n'ont pas eu leur chance.
Five fait un pas en avant, les faisant toutes reculer, et s'approche d'un des cadavres les plus récents, afin d'y jeter un coup d'oeil.

"Bon moyen d'ôter la parole à une fille sans lui arracher la langue...Un coup de laser dans les cordes vocales et on n'en parle plus. J'imagine qu'il en va de même pour les autres..."

Il balaie la soute du regard, et fronce les sourcils.

"Enfin peut-être pas toutes. Viens par là."

Trois jeunes filles ont été gardées à l'écart. Encore en bonne santé apparente, elles ont été ligotées sur des chaises, encagoulées et bâillonnées. Five en choisis une au hasard et tend une main pour lui ôter cagoule et bâillon.



Elle semble observer les ombres qui bougent près de lui et Ban alors qu'il la questionne:

"Ton nom?
-Lorelei."

Il procède de la même façon avec les deux autres.

"Amy.
-Sarah."

Et se tourne vers Ban, l'air un peu contrarié.

"On fait quoi? On les vend, ou on les tue? Y a beaucoup de cris à se faire là, mais j'aime pas trop le concept. Et parfois vaut mieux préférer la mort..."

"Five. Mille Cris sont à toi. Sors de là et dis à Olympe de poser le Panjara Nadi. Ne revient pas dans cette pièce."

Il attend qu'il soit sorti et s'assied.

"J'ai des bonnes et des mauvaises nouvelles. La bonne nouvelle, c'est que Gyle est mort comme un porc, ainsi que son équipage. La mauvaise nouvelle, c'est que je me retrouve avec vous sur les bras. La bonne nouvelle, c'est que je ne suis pas un esclavagiste. La mauvaise c'est que je suis pire que Gyle. La bonne nouvelle c'est que je ne compte pas être plus cruel que lui avec vous. La mauvaise, c'est que c'était peut-être moins terrible que ce qui vous attend."

Il enlève son casque.

"Celles qui peuvent encore parler, je vais faire quelque chose que personne n'a fait pour vous depuis des lustres, je vais vous demander ce que vous voulez. Je ne garantis pas que vous serez exaucées, mais parlez au moins, vu que vous en avez encore la possibilité. Et ne me prenez pas pour un crétin. La seule raison pour qu'on vous ait bâillonnées ainsi c'est, un pour éviter que vous vous suicidiez en vous coupant la langue, deux parce qu'on devait vous laisser en un seul morceau, trois, parce qu'on avait besoin de vous faire dire, ou avouer, quelque chose. Alors je veux tout savoir. Et si vous imaginez que vous pouvez juste me tuer et vous enfuir, vous vous fichez le doigt dans l'oeil. Je viens de tuer, seul, Gyle et tout son équipage. Tout. Seul. Je pourrais en tuer des centaines comme vous sans m'essouffler. Et si vous vous enfuyez, je tiens à vous rappeler que vous êtes jeunes, jolies, faiblement vêtues et muettes. Vous n'avez pas envie d'être lâchées dans Lexos ainsi. Alors comprenez bien cela, et traînez-vous jusqu'à moi, que je vous détache."

C'est Amy qui prend la parole en premier:

"Il a juste dit qu'il devait nous vendre, qu'on était de bons produits. Il n'a pas dit à qui, ni où. Ils nous ont attrapées il y a trois jours, et nous ont enfermées ici. Les autres étaient déjà là, les autres filles...S'il-vous-plaît, libérez-nous! Je veux juste vivre, c'est tout ce que je veux.Tant pis pour le reste. Au moins un peu d'espoir...
- Par pitié!" Surenchérit Sarah.

Lorelei reste silencieuse, apparemment encore sous le choc, alors que les autres jeunes filles se précipitent déjà vers Ban dans un cliquetis de chaînes insupportable.

Le pirate se met à la tâche.

"Putain, et en plus je vous préviens de ne pas me prendre pour un con ! Vous vous croyez vraiment plus belles, plus désirables qu'une de vos comparses ? Que DEUX de vos comparses ? Désolé mais non. Alors quoi, vous oubliez de me dire que votre pôpa est un sénateur Altalavirien ? Que vous savez tordre des petites cuillères avec la pensée ? Vous comptez aller où une fois libres, hein ? A moins d'avoir un plan de secours, c'est à dire de la famille influente ou de sacrés dons, il ne vous attend que la rue et la prostitution. Pas super enviable hein ? Allez, rassurez-vous, une bonne partie d'entre vous crèvera avant d'avoir à vendre ses organes."

Le pirate se frotte le crâne.

"Putaaaaaaaaaaaain... Bordel de merde. C'est la SEULE ET UNIQUE FOIS. Que ce soit clair. Si je vous recroise après ça, je vous éventre aussi sûrement qu'une autre, c'est clair ? Bon. Je vais vous faire sortir d'ici. Là, on ira à l'Ordre des flammes saintes. C'est un peu des allumés, mais ils ne sont pas méchants. Amy, Sarah, vous leur direz que vous venez toutes de la part du Borgne des Flammes Ecarlates. Ils vous prendront dans leur ordre. Vous aurez à bosser, pour pas grand chose en plus, mais vous serez nourries et logées. Et peut-être même qu'un jour vous aurez assez pour vous payer l'opération qui vous rendra votre voix. Allez, mettez-vous en ordre et suivez-moi."

Il se rapproche de Lorelei pendant qu'elles finissent de se préparer. C'est à dire masser leurs membres douloureux, pleurer, et rassembler assez de forces pour se déplacer.

"Je connais ce regard."

Il ne lui accorde pas plus d'attention, mais fait bien attention à ce qu'elle suive le groupe alors qu'ils sortent du vaisseau. Il leur fait signe d'attendre et sort à découvert, sous l'ombre menaçante du Panjara Nadi.

"Moi, Kain, prend immédiatement possession de tous les biens de feu Gyle. Que quiconque qui a les couilles de venir me le contester s'avance et crève comme un connard ! Non ? Personne ? Bien. Les filles, sortez. Olympe, fout-moi le feu à cette merde."

Et il amène sa petite troupe au vaisseau.

Putain, comment il va les faire toutes rentrer dedans ?

Elles n'allaient pas apprécier les prochaines heures.