[Klov4] Bas-Fonds, Ancient Path

- Eh bien, moi je retourne chez monsieur Cheso. Il me tarde de retrouver mes amis.

La Soy-Ciel s'adresse à Maly :
- Si je ne peux pas vous croiser à nouveau avant mon départ... Eh bien, merci, et bonne route.
Elle lui adresse un franc sourire, ne sachant pas trop comment transmettre son émotion. La jeune femme le lui renvoie, avec un signe de tête, en silence.

Vadaash s'éloigne donc, pendant que Luvian et One reprenne leur discussion. Alors qu'Hiro la rattrape, le jeune fille lui lance qu'elle se souvient de la route pour rentrer. Sans répondre, le Rehorith sourit et lui laisse quelques mètres d'avance, mais mais la suit toujours.

HRP: Donc à l'occasion, je rajouterai un ptit post explicatif pour la sortie de One, mais pas tout de suiste!/HRP

Une fois que Hiro et Vadaash ont disparu, Luvian entraîne Maly à sa suite à l'intérieur du bar, sans un mot. One se tient debout près d'une table autour de laquelle sont assises trois personnes: une jeune femme blonde aux cheveux courts et aux yeux bleus, un homme au physique plutôt commun mais à l'air incroyablement louche, et un autre, à l'allure plutôt déjantée, qui semble les attendre.
One fait les présentations, mentalement, désignant chacun d'entre eux d'un bref regard.

"Daniela Bale, résistante, Ban Midô, pirate, et Al'Fendora, qui dirige Klova."

Les salutations sont plutôt silencieuses, et l'ambiance est tendue. Non seulement Al'Fendora semble vouloir se faire tout petit, mais en plus, Danny ne cesse de dévisager les nouveaux arrivants, ce qui n'a pas l'air de plaire à Luvian, qui fixe Ban et sa compagne d'un regard incroyablement acerbe, avant de se tourner vers leur interlocuteur:


"Bonjour Al', on peut discuter en privé?
-Ca dépend de quoi, Luvian, comme tu le vois, je suis débordé et...
-Je vais reformuler: dépêche-toi de bouger ton cul de cette chaise et de venir avec nous, je ne suis pas d'humeur à poireauter.
-Ah oui, dit comme ça, tout de suite..."

Le mutant se lève, non sans un râle d'agacement, puis demeure quelques secondes immobile, observant ses doigts en mouvement, comme s'il vérifiait que tout est normal. Rassuré de ne pas avoir été empoisonné par une âme malveillante, il emboîte le pas à Luvian, qui l'entraîne un peu plus loin, suivi de Maly.

*Maly, Luvian, Al'Fendora>>>Ancient Path, table à part.*

Revenant de sa perplexité, Danny s'adresse à One:

"Est-ce que c'est le Duc Luvian Beryl Delumbre?
-Oui.
-Oh..."

Elle garde le silence un moment, puis poursuit:

"Et vous vous connaissez...
-Oui.
-Tu es au courant qu'il a trahi l'Alliance?
-Oui.
-Et ça ne te fait rien de pactiser avec ce type?
-Non."

Les épaules de la jeune femme s'affaissent alors qu'elle pousse un soupir las. Elle observe son verre pendant de longues secondes, le regard vide, puis reprend la parole, à l'attention de Ban, cette fois:

"Alors, qu'est-ce que tu comptes faire? Tes infos n'ont pas l'air de l'intéresser, et en plus, il fricote avec des sacrés gros poissons! On peut essayer de trouver les rebelles dont il parlait, mais je ne suis pas sûre qu'on soit très bien accueilli: ceux qui font escale ici ne sont généralement pas les plus sains d'esprit..."

Elle se ravise, et un sourire moqueur naît au coin de ses lèvres:

"Enfin remarque...Ce n'est pas comme si toi, tu..."

Danny pouffe de rire.

"Bon, plus de paranos ou de frigides à table, je peux donc..."

Ban sort un de ses bons gros cigares qui tuent et l'allume.

"Oooooooh... C'est comme ma première bouffée d'air frais après des mois ! T'en veux un, tite blonde ?"

Sans attendre la réponse, il s'affalle complètement dans sa chaise et commence à expirer lentement sa fumée.

"Avant de parler affaires, il va falloir se mettre d'accord sur un point, tite Danny. La Rrrrrrésistance est bien belle et tout ça, mais elle m'a trahi, on s'est rabibochés, je l'ai trahi, on s'est remis ensemble, à chaque fois y'avait de l'innocent qui trinquait de nos conneries, qui mourraient parce qu'on avait encore voulu me payer avec une bastos dans le dos, tant et si bien qu'à la fin on savait plus trop qui trompait l'autre, comme une bonne vieille relation de couple ! Et comme dans toute bonne relation de couple, c'étaient les enfants qui trinquaient avec nos conneries. On n'est pas de son côté, Danny, on est du notre. Il va falloir louvoyer, traîter avec des enfants de putain, des traîtres, des bâtards, des saligauds, des pirates, des assassins, des fous, des violeurs, tous les types qui sont du MAUVAIS côté de la justice. A ton avis, si les Rrrrrrésistants s'en foutent des infos que j'ai à vendre, alors qui ça risque fortement d'intéresser, dis-moi ? Pourquoi je devrais bouder les têtes de poulet ? Ils veulent ma mort ? Et alors ? La Rrrrrésistance aussi."

Il se redressa dans son siège et planta ses yeux de fous dans ceux de Danny.

"Tout. Le. Monde. Est. Pourri. Ils. Sont. Tous. Pareils. Capice ?"

Le pirate descendit son verre.

"La seule bonne option, c'est vendre l'info aux Rrrrrésistants, aux piafs et à quiconque veut l'acheter. Sauf si bien sûr on me propose un prix pour l'exclusivité de l'info. Hey, je suis sûr que t'as pas mal de cartes dans ta manche ma poulette -pardon, ma rrrrrrrrésistante- adorée. Ca te tente de me l'acheter, l'exclusivité de l'info ? Comme ça elle tombera pas dans de mauvaises mains !" Le cinglé partit d'un grand rire. "Enfin, à part les miennes, hein !"

Danny fronce les sourcils, visiblement mécontente:

"Tu n'as peut-être pas de sens moral, mais moi si. J'ai choisi mon camp et je m'y tiendrai, même si ça me coûte, et que ça me coûtera encore! Si tu décides d'aller vendre tes infos au plus offrant, sans penser aux conséquences, juste parce que ça t'arrange, je me trouverai un autre pilote. Mais ça...C'est loin d'être un préjudice pour toi pas vrai?"

Elle croise les bras sur sa poitrine, et s'enfonce un peu plus dans son siège, la mine boudeuse.

"Alors oui, je préférerais que cette fameuse info tombe dans mes mains uniquement. L'ennui c'est que je n'ai rien à t'offrir: je suis fauchée, je ne couche pas pour du beurre, et des infos qui t'intéressent...Tss, si c'est pour que tu les revendes à la place de la tienne, c'est inutile!"

Elle pousse un bref soupir d'agacement.

"De toute façon, j'en ai marre de toujours marchander avec toi."

"T'as pas répondu pour le cigare, p'tite vieille."

Le pirate partit de nouveau d'un grand rire et se resservit à boire.

"Mais me parle pas de sens moral. Je tiens pas particulièrement à faire entrer One dans la conversation, mais il pourra très facilement, comme moi, te dire que ce que tu appelle "sens moral" n'est qu'un point de vue subjectif et ridicule. Les têtes de piafs sont-ils maléfiques ? Bien sûr ! N'importe quel abruti sait ça. Ils tuent et traîtent humains et Altaviriens-ou-je-ne-sais-quoi comme de la merde. En gros, ils sont maléfiques parce qu'ils gagnent contre vous. La Rrrrrrrésistance, c'est bien joli, ça sonne mieux que terrorisme non ? Il est où ton sens moral quand la Rrrrrrésistance combat en larguant des bombes qui tuent plus de civils que militaires ? Qui tiennent leurs planètes comme une mafia ? Vous êtes vraiment mieux que les têtes de piafs ? Vous êtes sûrs ? Et dans deux ou trois générations, quand vous aurez gagné, que l'Empire des têtes de piafs se sera effondré, fragmenté en de petites nations qui guerroient constamment entre elles pour recréer leur grandeur passée, causant des millions de morts, quand la Rrrrrésistance, ah non pardon, vous l'aurez renommée la Rrrrrépublique, se vengera d'années d'humiliations sur la population Horusienne, qui y est pour rien dans les conneries de son gouvernement, quand la Rrrrrésistance sera faite de têtes de pigeons qui chercheront juste à arrêter le massacre et la domination exercée sur leurs populations, il sera où ton sens moral hein ?"

Le pirate laissa son regard se perdre au niveau de la poitrine de Danny.

"Le sens moral c'est juste ce que ton esprit te murmure toutes les nuits pour que tu oublies tes crimes, pour que tu les justifie, pour que tu ne devienne pas totalement folle."

Ban vida son verre d'une traite.

"Les principes c'est pareil, mais plutôt dire à une moule de lâcher ses principes qu'à une femme son récif... Ou l'inverse, c'est pas important. J'ai pas envie d'acheter ton cul, Danny. Avec ces informations ou avec autre chose. Mais je compte pas non plus aller me faire canarder sous-équipé pour ton sens biaisé de la justice. Alors voilà ce qu'on va faire, tu vas arrêter de marchander avec moi. Moi je veux des crédits. Toi tu veux que la Rrrrrésistance ait ces info et que les têtes de pigeons l'aient pas. Alors tu vas marchander pour moi. Tu vas dire à ces Rrrrrésistants de me payer. Et cher. Comme ça tout le monde est content. Mais ne va pas me dire que c'est juste. Ou que je suis un putain de salaud si je pille tes Rrrrrésistants jusqu'à l'os. Laisse ton sens moral dans l'armoire de ta chambre sur le vaisseau de ta Rrrrrésistance. Parce que franchement, il tape sur les nerfs de mon pragmatisme."

Plus Ban progresse dans son discours, et plus Danny fulmine. Elle a commencé par se redresser, lentement, puis ses mâchoires se sont crispées et son souffle, accéléré. Alors qu'il termine sa dernière phrase, elle semble prête à exploser, ou à commettre un meurtre.
Elle frappe violemment du poing sur la table, renversant ce qui reste dans les verres, et se lève d'un bond, avant d'éclater, attirant irrémédiablement l'attention de l'autre groupe et du gérant de l'établissement:

" NE ME RABAISSE PAS A TON NIVEAU, ENFOIRÉ!"

La jeune femme empoigne sa veste et la jette sur son épaule:

"Vas donc vendre tes infos à qui tu veux! Puisque je n'ai pas de sens moral, je m'en lave les mains!Pauvre abruti! Fils de..."

Elle pince les lèvres.

"Raaah!"

Sa chaise se renverse alors qu'elle prend le chemin de la sortie, avant de se tourner vers One, toujours aussi rouge de colère.

"Et toi, tu ne vaux pas mieux! Perdre son temps à sauver des déchets quand on pourrait régler une guerre tout seul, c'est...C'est....Je vous hais! Je vous déteste! TOUS LES DEUX!"

Et alors qu'elle allait également déverser son venin sur Luvian, elle se contente de serrer les poings et de reprendre sa marche, hors d'elle, et de claquer la porte en sortant.
Le visage de marbre, One ramasse la chaise et s'y assoit sans un mot.

"Je crois que c'est la comparaison à base de moule qu'elle a pas digéré."

Ban lève un sourcil, voyant One s'asseoir.

"Hey, normalement t'aurais dû lui courir après tu sais ? Il vaudrait mieux éviter qu'elle se retrouve toute seule à Klova dans cet état là..."

Ban soupire.

"Il semblerait que la résistance ait plus d'info sur moi que je ne le pensais, vu comment elle a arrêté sa dernière insulte..."

Ban baisse le regard, puis pose son menton sur sa paume et son coude sur la table.

"Finir la guerre à toi tout seul hein ? Et pourquoi tu ferais ça ? C'est pas ta guerre, t'as aucune raison de tuer tous ces gens... Et tu sèmerais les graines d'une autre discorde dans une décade ou deux... On ne peut pas tout régler par les armes... Il faudrait que les têtes de piafs et les enfiévrés de la justice se calment et discutent... Mais pour ça il faut qu'ils se croient à armes égales, pas qu'un côté se soit fait massacrer."

Ban commence à dessiner des petits cercles avec son index sur la table.

"Tu ne ferais que te salir les mains et signer ton arrêt de mort..."

Il soupire encore et laisse son front taper contre la table.

"Je croyais qu'elle pourrait comprendre tu sais ? Voir la situation dans son ensemble, sans se soucier du bien et du mal... Elle est forte cette fille... Mais elle est trop douce. Tu lui donnes combien ? Deux ans ? Trois ans ? Allez, cinq, si elle suce les bonnes bites. Et puis après quoi ? Un coup de blaster dans les omoplates ? Ou elle verra ses idéaux la trahir avant qu'ils la tuent ...?"

Ban donne un petit coup de tête dans la table...

"Merde."

Suivi d'un deuxième. Un peu plus fort.

Puis il se redresse et se lève, avant d'enfiler ses lunettes de soleil.

"Bon, je vais la chercher... On va déjà voir ce qu'on peut tirer du matos que j'ai tiré à Dirty5..." L'appel du jeu de mot se fait soudain trop fort "...Avant de me tirer avec sa tire."

Puis il fait demi-tour et se met à la poursuite de Danny... Silencieusement.

[Premier dé d'infiltration pour la pister, deuxième pour le faire sans me faire repérer, le troisième étant le jet de Danny pour voir si elle me grille]

The member 'Midô Ban' has done the following action : Lancer de dés

'100' : 78, 62, 11

Danny est un peu surprise par l'intervention de Ban, mais finit par se résigner. Elle se laisse tomber contre le mur le plus proche, la tête basse, et déploie toute son énergie à se soigner de façon à peu près correcte. A en juger par son incapacité à faire tenir un bandage sans le tendre à l'excès, Ban peut facilement se demander comment elle a pu survivre jusque là, surtout en exerçant un métier aussi dangereux que le sien.
Une fois désinfectée et bandée, après avoir utilisé presque l'intégralité de ce que le pirate lui a laissé, la jeune femme, qui a retrouvé son calme, pousse un léger soupir. Elle ne peut pas voir Ban, mais sait qu'il est toujours présent, non loin d'elle, à l'affût. De quoi? Qui pourrait le dire? A part lui...

"Qu'est-ce que tu veux, au juste? Pourquoi tu fais tout pour que je reste dans tes pattes, si c'est pas pour me rendre folle?"

Elle n'a pas l'air vraiment triste, plutôt fatiguée, et déçue.

"Tu t'es arrêtée, tout à l'heure, juste avant de me traîter de fils de pute. Qu'est-ce que l'Alliance sait sur moi exactement ?"

"C'est pas vrai, t'es vraiment parano...Je te rappelle qu'il y a moins d'une semaine, j'étais même pas au courant de ton existence! Depuis on a toujours été ensemble, explique-moi comment j'aurais pu me renseigner à ton sujet sans que tu le remarques...Et puis franchement, qu'est-ce que ça m'aurait apporté?"

Danny se redresse légèrement, son dos finit de se plaquer contre le mur glacial du bâtiment voisin, et elle ramène ses genoux contre sa poitrine, avec une petite grimace lorsque sa blessure la tiraille.

"J'en ai rien à faire de toi. Si j'ai pas terminé ma phrase, c'est parce qu'il y a des insultes qui ne se lancent pas, c'est tout."

Elle sourit pour elle-même.

"Tu sais...Cette connerie de sens moral..."

Après un instant, elle pose les mains contre ses tempes et les glisse dans ses cheveux, comme si une légère migraine s'insinuait dans sa tête.

"Laisse-moi tranquille, s'il-te-plaît."

"Il y a une semaine, Dirty5 pensait que t'étais sa salope. On sait tous les deux ce qu'il en était. Et non je ne vais pas te laisser toute seule. Pas tout de suite."

Ban sortit des ombres et alluma une cigarette cette fois, avalant goulument la fumée.

"C'est pas pour te faire chier que je dis ça, c'est parce qu'il y a quelque chose qu'il faut que tu comprennes. Je ne cherche pas à te rendre folle."

Ban profita de sa cigarette un moment avant de continuer.

"Je suis ce que je suis et c'est tout ce que je suis. Je ne fais pas exprès de te taper sur les nerfs. C'est ce que je suis. Cynique, pragmatique... Fou. Tu as déjà ce genre de réactions à ma simple présence au bout de quelques jours. Il va se passer quoi pendant le voyage ? Et après, sur la planète ? Qui sait les emmerdes qui nous attendent là-bas. C'est déjà un stress psychologique immense ce genre de mission. Alors si en plus tu as ce genre de réactions..."

Ban continua à tirer sur sa cigarette.

"Il faut que tu comprennes... Je SUIS un fils de pute. Et un bâtard aussi. Je suis vraiment ça. Vachement moins drôle que l'insulte hein ? Alors essaie pas de prendre des gants avec moi. Tu as une famille je suppose, des amis, non ? La mienne c'était l'Unité 2348. Des gamins comme moi, que la Rrrrésistance envoyait au casse-pipe. Je l'ai vu mourir ma famille. Les uns après les autres. Ceux qui ne sont pas morts sont devenus fous. Tu sais pourquoi ? Parce que, parfois, on gagnait. Parfois un homme nous prenait en pitié et nous épargnait... Alors on le tuait par surprise. Sinon on mourait. Alors on gagnait. On vivait un jour de plus. Ca les minait tellement, à la fin, qu'ils mouraient avec le sourire, libérés de ce calvaire. Puis j'ai eu des amis. L'Escouade 541 qu'on était. Les forces spéciales. J'étais le plus jeune. Certains voulaient être mon père, d'autres mes frères, d'autres encore voulaient mon cul. Contrairement à L'Unité, l'Escouade avait des recrues. D'autres comme moi venaient régulièrement réapprovisionner nos rangs. Normal, quand un membre de ta famille meurt, personne ne vient le remplacer, par contre tu as toujours un flot de nouvelles connaissances à faire, de nouveaux amis à rencontrer. Au bout d'un moment, j'étais toujours le plus jeune, mais également le dernier membre originel de l'Escouade. Puis on a découvert un truc pour l'Alliance, que les supérieurs préféraient garder caché. Alors on a eu droit à une mission suicide. Tout le monde est mort et l'Escouade 541 a disparu, enterrée, une autre a été créée à sa place. Mais j'avais survécu, j'ai fui, je me suis barré. Et j'ai vu le reste du monde. Hey, ça ne pouvait pas être pire que là d'où je venais hein ? Les têtes de piafs devaient forcément être un peu mieux non ? Ou au moins une faction, quelqu'un ! Non. Ni pire, ni meilleur. Pareil. D'où est-ce que tu viens Mademoiselle Bale ? D'un endroit où on te donne un nom, visiblement, un endroit où tu n'as pas à t'en inventer un."

Il se baissa à son niveau.

"Alors j'appelle une pute une pute et une sainte une pute quand même."

Il expira sa fumée un bon moment.

"J'ai pas envie que tu me claques dans les doigts, Daniela. Mais il faut que tu comprennes. Ce que tu vois n'est qu'un tout petit bout du grand voile qu'est la réalité. Pas seulement la tienne, mais aussi des personnes comme toi, d'un côté ou de l'autre des conflits, qui trouvent leur cause aussi juste que la tienne et qui voit tes héros comme des monstres. C'est ça leur réalité. La Galaxie est noire. Noire de monde, noire de vices. Si tu t'accroches à tes idéaux, un jour ils te tueront."

Ban posa un paquet de cigarettes à moitié vide à côté de Danny, avec un briquet.

"Devant tout le mal qu'il y a en cette Galaxie... J'ai décidé d'être pire. Parce que je voulais vivre, parce que je ne voulais pas être la victime de ce monde. C'est pour ça, Daniela, il faut que tu comprennes... Je ne cherche pas à te faire du mal. Mais il est possible que mon existence elle-même te fasse du mal. Qu'elle te blesse, te meurtrisse. Parce que je suis ce qu'il y a au bout du chemin que tu arpentes. Parce que j'ai tout donné à l'Alliance, ma jeunesse, ma famille, mon cul, mes amis... Et qu'en retour, je ne suis qu'un pirate désabusé. La guerre n'a pas avancé, je ne suis pas un héros pour les résistants, rien de ce que j'avais offert n'a de valeur, tu comprends ? En fin de compte, j'ai juste gâché une partie de ma vie. C'est pour ton frère que tu veux aller sur cette planète, non ? C'est lui qui est important, pas la résistance, pas tes idéaux, pas la balance des pouvoirs dans le monde. Laisse ça à One. Ne cherche pas à changer le monde, cherche à être heureuse, avec ta famille, tes amis, un homme... Ou peut-être plusieurs, vu que t'es un sacré bout de nana !"

Il finit sur une note humoristique et un pauvre sourire.

"Tu comprends ? Pour pouvoir me suivre, pour pouvoir aspirer à des choses grandioses, à la fin de la guerre, à la survie d'un peuple, à un mieux dans cet univers qui tend vers un pire, alors il y a des illusions qu'il faut abandonner. Tu as le droit de faire ce que tu veux faire, mais ce ne sera pas juste. Tu as le droit de décider pour qui te battre, mais il ne faut pas que tu oublies que ta liberté, ta possession, ton désir, vient de la privatisation des autres. Accepte que ce que tu fais est mal. Que ça te fait du mal, que ça fait du mal aux autres, mais que tu le feras quand même, parce que c'est ce que tu veux. Accepte pragmatiquement ta situation, tes choix. Je ne te dis pas d'abandonner tes principes, ne crois juste pas qu'ils te rendent meilleurs ou parce que tu t'astreins à eux alors l'univers te le rendra sous forme de bonne fortune. Ni que tes principes justifient ce que tu fais, ou transforment tes actes en bien. Garde tes principes pour que le jour ou tu mourras, tu diras que tu as toujours trouvé ces principes beaux et que tu respectais les gens qui suivaient ces principes, parce que tu voulais devenir comme ces personnes. Suis ces principes pour continuer à être toi-même. Définis par tes actions qui tu es."

Ban écrasa sa cigarette entièrement consumée.

"Moi je suis le mal incarné, pire que tous les autres. Ca, ça a de la valeur, ça, je veux l'être et le rester, pour pouvoir faire ce que seul ce type de personne peut faire. Pour pouvoir faire ce qui doit être fait. Ca ne justifie en rien mes actions... Mes exactions, mais je n'ai nul besoin de justification. Je suis ce que je suis et je l'accepte."

Il tendit une main vers elle.

"Malgré tout ça, j'ai toujours des sentiments, malgré tout le mal en moi je sais ce que c'est que la compassion, que l'amour. Alors je comprends qui tu es, je comprends ce qui t'arrive, ce qui te fait mal... Alors toi aussi, il faut que tu comprennes..."

Le regard de Danny va alternativement du paquet de cigarettes à la main tendue de Ban. Elle n'a pas fumé depuis longtemps, une éternité en fait, mais elle finit par saisir la petite boîte à demi-écrasée par les mauvais traitements qu'ont du lui infliger les poches du pirate, puis glisse sa paume dans la sienne et profite de l'aide qu'il lui apporte pour se relever. Elle est à la fois perplexe, méfiante, et émue. Par son discours, Ban l'a mise face à ses propres faiblesses, a ravivé de veilles blessures que la boisson et les drogues l'avaient aidée à oublier, et elle se sent plus faible et ridicule qu'un chaton miteux abandonné sous une gouttière.
Pourquoi se laisse-t-elle amadouer par un inconnu pour lequel elle n'a que du dédain? Pourquoi l'a-t-elle écouté jusqu'au bout? Il aurait été si simple de le faire taire et de partir, une bonne fois pour toutes, sans lui demander son avis! Depuis le départ, elle n'a fait que lui laisser des opportunités de la blesser, depuis le départ, elle est restée sans bouclier; à présent, Danny se révolte intérieurement contre ce masochisme qui ne lui ressemble pas. Elle voudrait rejouer les scènes à sa façon, sans l'entendre parler, sans recevoir les coups qu'il a donnés à son âme.
La jeune femme glisse une cigarette entre ses lèvres et l'allume. Elle tire longuement sur le mauvais tabac de Ban, puis lui exhale la fumée à la figure.

"Ne m'appelle plus Daniela! Ce qui compte pour One compte aussi pour toi...Non, encore plus pour toi!"

Non, elle ne se livrera pas. Pas à lui, jamais. Il l'a fait de son côté, mais elle ne prendra pas ce risque.
Elle voit déjà bien assez sa propre faiblesse dans les yeux de ce maudit pirate!
Elle sait qu'elle ne supportera pas qu'il utilise son passé contre elle. Après tout, il n'est pas aussi terrible que le sien, il prendra sans doute les choses à la légère, comme tous les autres, sans penser au fait que sa perception, sa sensibilité, est différente.
Elle ne lui parlera pas non plus de son don. Parce qu'elle ne s'en servira plus, et qu'il n'a pas besoin de savoir.
Il finirait par vouloir l'utiliser, lui aussi. Lui, plus que les autres.
La jeune femme plie un peu la jambe. Son bandage la gêne, mais tant pis, elle fera avec. Avant de tourner le dos à Ban, elle lui adresse un bref regard, qui se veut plus doux qu'à l'accoutumée.

"Merci pour le kit de soins, je te le revaudrai peut-être."

Puis, arrivée au bout de la ruelle:

"Et maintenant?"

"Plusieurs options. Moi je vais retourner à L'ancient Path, prendre des contacts pour revendre ce que j'ai tiré à Dirty. Ensuite on verra. Toi, t'es libre de faire ce que tu veux. Néanmoins, j'ai deux conseils."

"Pas besoin de t'excuser avec One, mais tu devrais reconnaître que tu as été trop loin. Je ne connais pas tes circonstances, mais si moi j'ai eu la chance d'avoir, aussi peu que ce soit, une famille et des amis, lui non. Lui n'a eu aucune chance d'avoir une famille, une vie normale, ou quoique ce soit qu'il aurait voulu. Ne le prends pas en pitié. J'ai pas pitié de lui. Et je suppose qu'on pourrait discuter sans cesse de ce qui est pire, être un petit humain sans pouvoirs abandonné par sa famille, ou un être sans famille plein de pouvoirs dont il n'en a cure. Honnêtement, je ne sais pas ce qui est pire, objectivement, mais je suis certain d'une chose, moi je pense que ma situation est pire et lui il pense que c'est la sienne. Parce que c'est normal... On est ce qu'on est par rapport à la vision de nos propres expériences, pas celles des autres. Notre vision est différente, ça sert à rien d'argumenter sur ce qui est pire, ou de réduire la peine des autres sous prétexte que la notre nous semble pire. Ma vie est bien meilleure que celle d'un esclave de douze ans qui s'est fait péter le cul avant d'apprendre à compter. Toute peine est relative, alors respecte la sienne. Ne la prend pas à la légère."

Ban soupira.

"Et ce serait complètement inutile qu'il nous la fasse gagner cette guerre, ok ? On en reparlera un autre jour si tu veux, mais crois-moi, ce serait juste une connerie. C'était le premier conseil."

Ban regarda Danny, qui lui tournait le dos. S'attardant sur son postérieur.

"Le second c'est de me laisser refaire tes bandages. Ca te sera beaucoup plus facile pour marcher et pour le reste. Mieux vaut prévenir que guérir... Même si visiblement je peux te sortir du pire guêpier à la force de mes poignets..."

Ban leva les mains en signe de reddition avant la réplique de la jeune femme.

"Même si c'est ma faute si tu t'es retrouvée dans ce guêpier je sais..."

Eh bien, voilà qu'il devient télépathe! Danny pince les lèvres, prenant un air faussement agacé, puis avise une caisse en bois de hauteur convenable et s'y assoit, attendant que Ban se rapproche.

"Pour One, j'y avais pensé bien avant que tu m'entraînes ici. J'ai été injuste avec lui, et je le sais, c'était bien toi le responsable! En ce qui te concerne, tu viens de me dire de ne pas te ménager, alors je ne m'excuserai pas. D'ailleurs j'espère que tu ne comptais pas là-dessus!"

Alors que le pirate replace le bandage correctement, la jeune femme l'observe d'un regard pensif.

"Dis, si One te suis pour te protéger, c'est que tu es censé mourir, non? Oui je sais, "on meurt tous un jour, blablabla", ne me la refait pas. Ce que je veux dire c'est que... Tu dois avoir un rôle drôlement important dans l'avenir pour que quelqu'un comme lui sacrifie son temps à te suivre, et je ne me souviens pas l'avoir entendu parler de ses projets. Est-ce que tu as la moindre idée de ce qu'il compte faire?"

"Laisse-moi me concentrer sur ta guibolle, c'est pas tous les jours que je peux mettre la main dessus."

Il passa au menton et reprit la conversation pendant qu'elle ne pouvait pas parler.

"T'es sûr que c'est MOI qu'il suit ? Je l'ai rencontré quand je T'AI rencontrée. Pour ce que j'en sais, il pourrait très bien anticiper que ta décision de me suivre et rester avec moi simplement parce que tu l'es. A part ça, j'ai l'Alliance ET l'Empire des têtes de pigeon au derche, sans compter deux rehorith psychopathes contre qui je ne peux pas grand chose. Je vais casser ma pipe plus tôt que tard, c'est pas une question. Mais ce que je vais faire avant de mourir, CA, ça peut avoir de l'importance pour One. Est-ce que je vais tuer quelqu'un ? Enclencher la mise en place de tels ou tels évènements ? Ou est-ce que je vais réussir à briser suffisamment les illusions d'une plantureuse jeune femme pour QU'ELLE puisse avoir un rôle important ? Il ne compte pas me sauver la vie, il compte retarder ma mise à mort jusqu'au moment propice. Mais quel sera ce moment, alors là... Je ne connais pas le plan de One, alors je vais faire ce que je fais d'habitude : Profiter d'abord et au diable les conséquences !"

Ban se redressa, il avait été attentionné et doux dans sa démarche, bien qu'en restant professionnel -bien qu'il ait glissé une ou deux caresses au passage- et somme toute, il n'était pas mécontent du résultat. Il avait enlevé ses lunettes pour voir mieux dans la ruelle et, sous prétexte d'un dernier tour de révision, il glissa un doigt sur la cheville de Danny et remonta jusqu'à ses lèvres, où il s'attarda un peu, plongeant un regard plutôt doux dans celui de Danny.

Les derniers gestes du pirate troublent Danny au plus haut point, mais elle ne laisse rien paraître, se demandant tout de même à quoi il joue. Tente-t-il une approche pour passer une nuit torride? Essaie-t-il de la manipuler pour une raison qu'elle ne saisit pas? Ou y a-t-il une sincère tentative de rapprochement de sa part?
Elle hausse les épaules et descend de la caisse, le forçant ainsi à reculer.

"Tu sais quoi? Je vais lui demander, moi, ce qu'il a en tête. Au moins je serai fixée. Enfin...S'il accepte de répondre, parce que vu l'énergumène..."

Elle s'étire brièvement, puis fait de nouveau fonctionner son genou et passe une main sous son menton.

"Aaah, c'est bien mieux, merci! Je rentre avec toi au bar, j'ai rien d'autre à faire sur cette fichue planète...Et si c'est pour me viander à chaque coin de rue, même une ballade ridicule pourrait me faire regretter d'avoir mis le nez dehors!"

Danny marche jusqu'à la rue adjacente, qui a été le témoin de sa chute magistrale quelques temps plus tôt, puis lance à Ban:

"J'espère quand même que tu ne comptes pas rester ici une semaine. Je sais que Lon-Sicon ne va pas s'évaporer d'un coup, mais il me tarde d'y être."

Ban étouffe un petit rire, se sort une clope, l'allume et remet ses lunettes de soleil, alors que ces gestes précis se mettent en place, d'autres, plus subtils, viennent les compléter. Le pirate se redresse complètement, faisant craquer ses épaules, son regard, alors qu'il le voile derrière ses lunettes, se remplit lentement de folie, et au moment où il fait craquer ses cervicales, une immense sourire carnassier éclot sur ses lèvres.

Fini les sentiments, la philosophie et la douceur, le Pirate Fou est de retour.

Alors qu'il s'approche de Danny, elle peut constater (peut-être à regret ?) que même son ton de voix est redevenu normal, sarcastique et haineux.

"Oh ça je sais pas, tite Danny, il se trouve que par le plus grand des hasards de moralité je vais devoir trouver un autre moyen de nous renflouer. Bah, des gens vont mourir ou de sales marchands font faire passer de la marchandise en douce, rien de bien problématique."

Il fit claquer son long manteau alors qu'il sortait à son tour de la ruelle, fourrait une main dans ses poches et se dirigeait vers le bar.

Danny emboîte le pas au pirate, silencieuse. Le voir dans son humeur habituelle a quelque chose de rassurant et agaçant à la fois, mais elle se sent beaucoup plus à l'aise. Il faut bien avouer que la soudaine gentillesse de Ban était plus que suspecte, voire même carrément gênante, et qu'elle a la sensation d'être libérée d'un poids énorme: elle est en accord avec elle-même, et se félicite d'être restée méfiante jusqu'au bout.
Après plusieurs minutes de marche, et quelques banalités échangées, les deux mutants rejoignent l'Ancient Path, où ils retrouvent One toujours assis à la place de Danny, et invariablement calme. A l'écart, l'autre groupe n'a pas terminé de converser, et pas un mot n'est prononcé plus haut que l'autre.
Danny rejoint la table et s'assoit près de One, lui adressant un petit sourire embarrassé.

"Excuse-moi pour tout à l'heure, je pensais pas ce que j'ai dit...C'était sous le coup de la colère...J'espère que tu ne m'en veux pas trop."

Pour un peu, elle a l'impression qu'un éclair de surprise a traversé le regard du rehorith, mais elle pense avoir rêvé, surtout lorsqu'il répond, d'un ton aussi monocorde que d'habitude:

"Je sais. Ca ira."

Ban se commande de nouveau à boire, un sourire très amusé aux lèvres. Il aime bien One, alors il aime bien le voir désemparé. Môssieur est peut-être très fort et prescient, mais il n'en reste pas moins un novice total sur tout ce qui concerne les relations sociales.

Le pirate se lèche les babines, s'il joue bien ses cartes, ça devrait être drôle... Mais pas tout de suite.

"Bon. Il faut maintenant préparer notre prochain mouvement. Le but c'est de réunir assez de fonds pour Lon-Sicon. Pour ça, on va commencer par refourguer la came(lotte) de Dirty5. Selon la thune qu'on aura réussi à réunir, je prendrai un job supplémentaire. Soit de la contrebande, soit de l'espionnage industriel/assassinat. Si avec le recel et l'espionnage/assassinat on a pas assez, alors on verra pour vendre l'Info aux Rrrrrésistants. Tout le monde me suit jusqu'ici ?"