QG de la résistance

Alors que Hawk fronce les sourcils, n'ayant pas l'air de comprendre, c'est Leed, toujours calmement posté derrière lui, qui répond à sa place.

"Un peu, oui!"

Il part d'un bon rire, et le casque de Ban lui révèle qu'il ne s'était pas trompé sur au moins l'une de ses suppositions: la signature thermique de l'altalavirien est élevée, beaucoup trop élevée pour qu'il puisse réellement être ce qu'il prétend. Sous les traits de son protégé, Han'Drak s'amuse de sa supercherie et de la crédibilité des deux hommes.
Quoi qu'il en soit, la sphère de lumière n'a pu être générée que par une personne, et ce n'est pas lui. Le vrai Leed attend probablement son heure quelque part, tapi dans les ombres du hangar. Néanmoins, même avec son casque, le pirate ne le voit pas, comme s'il s'était nimbé d'un froid suffisant pour dissimuler sa propre température corporelle. Les altalaviriens savent manier la glace, cela n'aurait donc rien d'étonnant.

"Enfoiré de petit salopard! Crache Hawk avec rage.
-Eh oh, on se calme sur les insultes, mon gros! Va falloir qu'on fasse équipe, tu te souviens? Faudrait pas que ça déraille parce que t'as la langue trop pendue!"

Hawk serra les poings à s'en faire saigner. On se servait de lui, on le trompait, on se payait sa tête, et puis quoi, encore? Cette fois, il en avait sa claque! Il était vraiment temps d'en finir avec toute cette histoire - qui n'avait plus ni queue ni tête, soit dit en passant.
Pas question d'essayer de se défiler une sixième fois, si c'était pour être repris dans la foulée par un des trois abrutis qui lui couraient sur le système, soit-il altalavirien, mutant ou nadris! Il se dit qu'il aurait mieux fait d'accepter tout de suite, de remplir cette mission débile, avec ou sans contrepartie, et de disparaître. Au point où il en était...

"Oh non on fera pas équipe, sale petit merdeux!"

Il s'avança vers Han'Drak, jusqu'à ce que sa masse impressionnante force le nadris à lever les yeux pour lui tenir tête.

"Pendant que tu iras emmerder quelqu'un d'autre, JE vais aller m'occuper de votre usine pourrie, et de vos plans de merde. SEUL. Et quand je reviendrai, ton connard de maître aura plutôt intérêt à tenir parole!"

Puis il se tourna vers Ban, et pointa l'entrée du hangar du doigt. Il était véritablement en colère, et ne le cachait pas.

"Fais ce que je t'ai dit! Retourne d'où tu viens. Je te rejoindrai quand j'en aurai fini avec toutes ces conneries!"

Le pirate hausse les épaules.

"Hey, tu te trompes de cible, Chogan. C'est trop tard pour les missions suicides pour toi, surtout celles qui puent vachement trop du cul niveau info. T'as fait LA connerie à ne surtout pas faire..."

Ban tourne alors la tête vers Han, semblant se rappeler de quelque chose à la dernière seconde.

"Ah, en parlant de conneries, t'es sûr que c'est une bonne idée de rester là, Han ?"

HRP: Post commun pour gain de temps. /HRP

Han'Drak hausse les épaules.

"Boarf, tu devrais plutôt demander ça à ton co-équipier! Vu qu'il se tient assez près de moi pour que je puisse compter toutes ses rides! A moins bien sûr qu'il sache se téléporter!"

Le nadris ne laisse pas à l'humain le temps de lui réduire le visage en bouillie, se dématérialisant brusquement pour réapparaître de l'autre côté de la zone éclairée du hangar, avec un rire espiègle. Il ne change cependant pas de forme, jugeant certainement que l'apparence de Leed convient parfaitement à la situation.
L'attention de Ban est rapidement détournée par Hawk, qui revient vers lui à grands pas, de plus en plus énervé par la situation. C'est cependant sur un ton assez bas qu'il s'adresse au pirate:

"Ecoute gamin, j'ai pas envie de me répéter cent fois. C'est aussi mon job d'associé de t'empêcher de déchaîner l'Enfer partout où tu passes! J'ai pas plus envie de mettre ta vie en danger que celles des filles, ou même de Leed et de ses hommes, compris? Alors remballe-moi cet égo de demeuré et file protéger ce qui peut encore l'être!"

Il n'a aucune envie qu'on lui dicte sa conduite, ni ce qui est bon pour lui ou ne l'est pas. Il veut simplement faire ce qu'il a à faire, tant qu'il en a l'opportunité.

"T'inquiète pas pour ce que je te dois, j'ai la peau dure et je compte pas crever tout de suite!"

"C'est pas moi le problème, Chogan, ça fait cent fois que je te le répète... Ce n'est pas moi qui tiens à te protéger plus que tout, mais puisque je dois protéger les filles comme tu le dis si bien, je n'ai pas d'autre choix que de me tenir là devant toi et de te ramener avec nous. Sinon je les mettrai terriblement en danger, tu comprends ? Non, hein... Bah, t'as jamais été très dégourdi de la gamelle..."

Le pirate prend alors un gros risque et ouvre une partie de son casque, montrant juste un instant à Hawk son expression, sérieuse au possible.

"Danny est dans la merde. Et chaque putain de seconde compte pour l'en sortir. Avec toi je gagnerai énormément de temps, donc je viens te chercher. Putain, t'es pas un connard d'aveugle, si ? Cette mission pue par tous les angles et tu sais que tu as fait énormément chier les hauts gradés de l'Alliance. Ils t'envoient crever, Hawk. Si je te perds, je perds du temps. Alors si tu tiens un tant soit peu à Danny -et dieu sait qu'il y a énormément plus que Danny dans la balance, si tu tiens un tant soit peu à ta fille, à ta propre vie et à ton futur, surtout- tu viens avec moi et on se grouille d'aller la récupérer. Si ça veut dire que je dois foutre le bordel dans les trois quarts de l'univers, j'en ai rien à foutre. Rien. Du. Tout. J'ai juré que je ne la laisserai pas crever pour toutes ces conneries. Et je le ferai. Et c'est un milliard de fois plus important que tout les plans à la con de l'Alliance."

Le masque refermé depuis un moment, Ban s'avance, écartant Hawk sans violence mais fermement.

"Court vers la sortie, on t'amènera au vaisseau. Si vous me voyez revenir et que je n'enlève pas mon casque, envolez-vous. Si je l'enlève, vérifiez ma signature thermique, elle est déjà enregistrée dans les données du vaisseau, si elle est plus élevée que d'habitude, barrez-vous, c'est que je me suis fait capturer et que c'est Han. Hawk, les filles connaissent le plan. Si je ne reviens pas je compte sur toi pour le mener à bien jusqu'à mon retour."

De petites flammèches quittent le corps de Ban avant de s'éteindre. Dire qu'il est chauffé à bloc serait un putain d’euphémisme. Se voir rappelé, par lui-même en plus, sa putain d'impuissance, et le rôle de tous ces connards qui ne savent que se mettre en travers de sa route... Putain, il est temps de casser du cul en série.

Hawk empoigna le bras de Ban avec force.
S'il n'avait pas été son associé, il l'aurait probablement assommé pour le faire taire, juste histoire de pouvoir partir sans le moindre scrupule! Mais il était son associé. Il savait pour Lei, et pour le putain d'enjeu qu'elle représentait, mais pas pour Naïra. Seulement au moment de lui en parler, Hawk repensa à la mise en garde que One lui avait faite sur Lon-Sicon. Est-ce qu'il parlait de ce genre de choix? Le vieux Chogan était-il assez sage pour sacrifier l'infime chance qu'il avait de retrouver sa femme au profit de la survie d'une galaxie et de tout ce qui y vivait? C'était bien ça, le but, non? Protéger Danny, c'était protéger Libertae, non? C'était promettre un avenir à tous ceux qui comptaient... Non?
Il desserra les doigts, un peu.

"Rien ne nous oblige à tuer ces types. Soupira-t-il. Il y a bien d'autres façons de se faire entendre."

A quoi bon? "Tuez-en deux, il en reviendra vingt.". Pourquoi perdre encore plus de temps à verser le sang d'hommes qui se pensaient autant dans leur bon droit que le pirate et l'humain?

"Ne le fais pas juste pour te passer les nerfs. "

Hawk relâcha enfin Ban.

"Il nous suffit de filer. On ne se fera pas avoir une deuxième fois par ces gars-là. Tant qu'ils ne nous poursuivent pas, ça n'en vaut pas la peine, pas si le temps nous est compté."

Il commença à s'éloigner vers la sortie du hangar. Est-ce qu'il avait fait le bon choix? Il avait le coeur et la gorge noués, comme lorsque l'on sait qu'une route vient de se fermer et qu'aucun retour en arrière n'est possible. Bien sûr, il y avait bien des moyens de savoir pour Naïra, peut-être aurait-il une véritable opportunité de la récupérer, si elle était toujours en vie. Et si cette chance se présentait, alors il pourrait prétendre être capable de lui offrir une vie meilleure.
L'Alliance n'avait pas besoin de lui. Des hommes de sa trempe, il y en avait des tas. Mais ses amis, sa fille, eux, ne pourraient jamais compter sur un autre que lui. Il était temps de prendre ses responsabilités et d'honorer les seuls marchés qui comptaient réellement.
Quel que fut le prix à payer.

"Parce que j'ai besoin d'info de la part de l'alliance. Et pour ça, il faut que je calme ce connard. C'est aussi ça qui permet de gagner du temps, tu comprends ? Le temps que j'investis maintenant pour ces deux abrutis me permets 1) de ne plus le perdre à les esquiver plus tard 2) de pouvoir LA retrouver plus vite. Je ne fais pas uniquement ça pour me passer les nerfs. J'ai de BONNES raisons de le faire. Toi aussi tu as des choses importantes à faire. TOI, tu n'as plus de temps à perdre avec ces connards. Et puis comment fuir si je nous ne donne pas une bonne longueur d'avance ? Ce connard a déjà disposé ses pions autour de nous. Je sais ce que je fais alors fais ce que je te dis pour une fois dans ta putain de looooooooooooongue vie..."

The member 'Midô Ban' has done the following action : Lancer de dés

#1 '100' : 65

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#2 '50' : 7, 38

S'imaginer la douleur. C'est exactement ce que fait l'esprit d'un nadris lorsqu'une blessure lui porte directement atteinte. La souffrance n'en est pas moindre, elle semble si réelle que seul un cerveau préparé à l'affronter est capable de la supporter. Mais, pris par surprise, tout nadris ressent le poids de ses blessures et de la douleur qu'elles lui infligent.
Alors que Lorelei le harcèle de coups toujours plus puissants et rapides, Han'Drak le réalise peu à peu, et parvient lentement à en faire abstraction. Les vêtements qu'il a construits de toute pièce à la force de son esprit reprennent leur forme d'origine, les plaies suintantes qui s'étaient creusées dans sa peau se referment, il retrouve progressivement le contrôle de la moindre de ses cellules, et sait que très vite, ses pouvoirs seront parfaitement maîtrisables.
C'est sur cette pensée, alors qu'il stoppe un nouvel assaut de la mutante furieuse, qu'il ressent la brulure lui mordre franchement la joue. Cette douleur là est nettement différente de la première. Elle ne se contente pas de traverser sa peau pour taquiner ses terminaisons nerveuses fraîchement restaurées, mais s'attaque également à son âme, figeant son coeur l'espace d'une seconde.

"Leed!"

Dans ce vague murmure, le nadris disparaît, laissant Lorelei en face à face avec le vide. Dans la seconde qui suit, Ban est saisi par deux mains colossales, qui l'expulsent une vingtaine de mètres en arrière. Il s'écrase contre un pan délabré de mur, avant de retomber lourdement sur le sol, face contre terre.
Han'Drak a pris la forme d'une créature reptilienne, armée de griffes et de crocs acérés, à la peau écailleuse d'un bleu très sombre. Sa stature est solide, sa conformation musculaire rappelle très nettement celle d'un humain, et il se tient sur deux pattes robustes et souples. Il pousse un hurlement rauque en se dressant entre le pirate sonné et son protégé, qui semble avoir du mal à se remettre de sa surprise. Sous l'oeil de serpent couleur d'ambre s'étale une balafre disgracieuse, identique à celle que porte le visage de Leed.
L'altalavirien et le mutant se relèvent presque simultanément. Alors que le premier paraît encore tourmenté par la puissance et la sauvagerie déployées par son adversaire, le visage du second est à demi-dissimulé par sa tignasse sombre et ne permet pas de deviner l'expression qui hante ses traits. Le calme est loin d'avoir été rétabli. Si le silence est retombé, la tension qui électrise l'air est toujours intacte et alimente le stress qui contracte chacun occupants de la pièce. Aucun d'entre eux ne semble prêt à désamorcer le conflit, comme s'il leur fallait d'abord étancher leur soif de combattre; et le silence dure, interminable, à peine troublé par la respiration régulière et ronflante du reptile, dont les doigts griffus bougent lentement, cherchant à se décontracter.
Peu à peu, le regard de Leed s'assombrit. La colère grondante qui nourrit son âme s'approprie ses traits un à un. Il lève prudemment la main vers sa plaie, et commence à la soigner, refermant également celle de son nadris.
Le geste de trop.
Lorelei s'élance. Plus rapide et silencieuse qu'un félin en fin de chasse, elle engouffre la distance qui la sépare de Leed en une poignée de secondes. Mais l'oeil affûté du soldat la voit venir. Son bras se tend vers un énorme pan de béton armé que son esprit soulève instantanément pour le projeter sur elle. La réaction de la mutante est aussi vive qu'inattendue: elle se fige brusquement, le regard à la fois terrifié et déterminé, et tend les bras en direction du projectile. La pièce de béton, qui l'aurait écrasée sans le moindre mal, s'arrête en plein vol, figée par une force invisible.
Alors que Leed comme le reptile ouvrent de grands yeux surpris, elle fait machine arrière, fonçant droit dans leur direction. L'altalavirien ne tarde pas à l'arrêter à son tour, de ses deux bras tendus, et un nouvel affrontement se précise, psychique, clairement déterminé par l'égo des deux protagonistes. L'armature métallique crisse à l'intérieur même du béton qui demeure en suspension dans l'air et s'effrite par endroits. Les regards concentrés des deux adversaires sont figés sur lui et ne cherchent pas à se croiser. Parfois, le projectile semble se mouvoir légèrement vers l'un ou l'autre des télékinésistes, qui le repousse alors autant que faire se peut. Serait-il vraiment sage que l'un d'entre eux abandonne?
Près de Leed, Han'Drak ne lâche plus Ban des yeux. L'altalavirien n'est pas en position de se défendre seul.
Son nadris ne laissera rien ni personne s'en approcher.

"Tu es sûr que c'est une bonne idée, Han ?"

Le pirate s'avance, la tête toujours baissée, seul son sourire est visible dans les ténèbres.

"Tu dois avoir compris je suppose. J'ai épargné Leed. Mes flammes auraient pu se nicher jusqu'aux tréfonds de son âme et dévorer jusqu'à son essence. Mais je me suis retenu, ne lui brûlant que très légèrement un bout de la joue, et sans insuffler de la puissance à mes flammes. Sinon, peu importe le niveau de soin qu'il mettrait en oeuvre, la blessure se rouvrirait toujours. Si on parle d'affrontement, vous avez perdu. Et si on parle de ton rôle... Tu es à peu près aussi utile qu'une petite bite en prison, mon con. C'est bien joli de te foutre devant moi, mais tu ne le protèges en rien. Je peux le tuer à l'instant si l'envie m'en chante. Et il mourra l'instant où tu décideras de m'affronter. Tu as perdu, petite merde. Dis à ton connard de baisser les bras s'il tient à sa vie."

Le pirate parle tranquillement, toujours sans regarder Han, un gros sourire vicieux et carnassier peint sur les lèvres.

Et pourtant, il ne bluffe pas. Il lui suffirait d'un instant pour tuer Leed, et cet instant viendra si Han l'attaque.

Comment ? Hé bien, tout simplement, avec une grosse vague de pulsions meurtrières.

Lorelei y est plus ou moins habituée, Leed, non. Lorelei n'a jamais eu à affronter Ban, à ressentir la terreur, l'humiliation de cette volonté meurtrière. Leed, si. Conclusion, si Ban laissait sa rage et sa destruction se développer en une vague d'intentions meurtrières, Leed ne pourrait s'empêcher de détourner son attention.

Ce qui, vu le duel qui l'oppose à Lorelei, serait une très mauvaise idée.

"Si ce n'est pas toi qui le tue, pousse la voix caverneuse, ce sera elle."

A mesure que le pirate avance, le reptile recule, lentement, prudemment. Sous son poids, le sol se craquèle, se fissure, imprimant ses empreintes dans le béton froid de la base. Il ne s'arrête que lorsqu'il se trouve trop près de Leed pour pouvoir continuer, poussant un grognement désappointé. L'altalavirien glisse un bref regard vers lui, mais Lorelei prend légèrement le dessus, le forçant à rester concentré.
Ils sont acculés, Han'Drak sait que leurs chances de parvenir à fuir sont infimes.
Tenter le tout pour le tout? 1% de chances vaut mieux que 0%! Leed n'a jamais été du genre à négocier, et sa fierté lui interdit déjà de lâcher le morceau. Il refusera de se laisser marcher dessus, combattra jusqu'à la mort pour préserver son égo, sans tenir compte des avertissements du pirate et du nadris. Deux issues possibles et la mort au bout, laquelle est préférable?
Le regard de la créature bleu nuit est toujours fixé sur Ban, mais on peut clairement y lire son désarroi. Alors qu'il devrait prendre une décision au plus vite, Han'Drak demeure figé comme une statue de marbre, hésitant.
Soudain, il fait son choix.
Il abat ses deux énormes mains sur le sol dans un élan inouï de violence, poussant un nouveau hurlement à hérisser le poil. Sous l'impact, le sol fragilisé se fend brusquement, ouvrant une large fissure qui passe entre les pieds de Ban et continue sa route, alors que le reptile appuie de toutes ses forces sur les deux pans de béton qu'il vient de séparer. Dans un inquiétant grincement, les bords de la fissure se soulèvent d'un coup, ôtant son équilibre au pirate et ouvrant deux nouvelles gorges parallèles à la première, qui se prolongent jusqu'au mur le plus proche et y creusent des plaies béantes. L'édifice se met à trembler.
Lorelei et Leed, déconcentrés, perdent le contrôle du projectile bétonné, qui se met à tournoyer en l'air et s'envole soudain dans une direction aléatoire, avant d'aller violemment heurter le plafond, qui se craquèle à son tour et s'effrite de manière inquiétante. Lorelei et Leed semblent pétrifiés, les yeux grands ouverts, constatant avec effroi que le hangar tout entier s'apprête à s'effondrer sur lui-même.
Mais Han'Drak a tôt fait de tirer l'altalavirien de ses pensées, se retournant d'un bloc pour le saisir à la ceinture et le jeter sur son dos, prenant dans le même temps la forme d'un guépard et la poudre d'escampette.
Lorelei ne semble pas oser bouger, les yeux soudain rivés sur le sol qui se fait de plus en plus instable. A-t-on creusé la roche en profondeur? Doit-elle s'attendre à une chute? Le béton se fissure en de maints endroits, de plus en plus vite, et pourtant, la mutante reste immobile.

"Gamine !"

Le pirate fonce droit vers Lorelei comme une roquette téléguidée, la main droite rejetée en arrière, servant de propulseur grâce à ses flammes, et l'autre main tendue vers Lorelei, qu'il attrape au vol.

Le sourire du pirate s'est effacé, laissant place à un grincement des dents alors qu'il file comme une flèche, évitant les débris et poursuivant le Nadris et Leed.

Bien sûr, il n'a rien de la vitesse ou de la force de la forme de Han, mais il se déplace par propulsion, ce qui lui simplifie énormément les choses.

Mais il n'a pas pu reprendre son fusil, ce qui le force à utiliser directement ses flammes, ce qui a toujours la fâcheuse tendance à l'épuiser. Surtout après sa démonstration de tout à l'heure.

"Lorelei... Si tu le peux, utilise tes pouvoirs pour faciliter ma course et compliquer la leur."

Il sert la jeune femme contre lui un peu plus fort alors que son grincement de dents devient un hurlement, que la puissance de ses flammes augmente et qu'il prend une très forte accélération droit vers Han et Leed.

Lorelei a tôt fait de retrouver ses esprits. Profitant du maintien de Ban, elle libère ses bras et les tend en direction des débris qui menacent de les heurter tous les deux, les arrêtant, les repoussant, ou s'en servant comme bouclier. Quand enfin ils s'engagent dans les couloirs de la base, qui commencent tout juste à être affectés par les vibrations produites par l'effondrement du hangar, elle s'autorise une courte pause. Quelques secondes à peine durant lesquelles elle cherche à calmer son souffle, qui s'est nettement accéléré. A l'image du pirate, la mutante s'épuise, mais sa détermination est telle que lorsque Leed et Han apparaissent devant eux, elle reprend les armes sans hésiter.
Le guépard est rapide et agile. Là où un humain aurait trébuché à chaque mètre parcouru, il redouble d'équilibre et de souplesse, bondissant d'un tas de gravats à un autre, esquivant les quelques pans de murs qui tombent en travers du passage. Lorelei met plusieurs longues secondes à analyser ses déplacements, puis son regard se durcit et ses mains s'ouvrent devant elle.
L'animal en fuite est surpris par un brusque effondrement du plafond, qu'il parvient presque à éviter en se jetant sur le côté. Une partie des débris l'atteint néanmoins, le ralentissant et blessant son cavalier à l'épaule, ce qui lui arrache un jappement aigu. Pourtant, mu par un incroyable instinct de survie, le guépard continue sa course.
Alors qu'il bondit en avant, quelques mètres plus loin, le béton sous ses pattes se soulève soudain et le propulse en l'air. Altalavirien et nadris partent en roulé-boulé vers l'avant, se séparant inexorablement. Profitant de la distance qui les éloigne encore de leurs poursuivants, Han'Drak se téléporte jusqu'à son protégé et l'aide à se remettre en selle. La poursuite reprend, mais Lorelei et Ban ont gagné du terrain. Profondément agacée par l'échec de ses deux premières tentatives, la mutante commence à se crisper, serrant les dents, le regard haineux.
Avec un cri de rage, elle déchaine brusquement ses dons sur ses proies, projetant tout ce qui passe à leur portée vers elles, ruinant sol, mur et plafond tout en libérant la voie à Ban au fur et à mesure de leur progression. Mais Leed ne semble pas avoir dit son dernier mot. Redoublant d'efforts pour se maintenir en équilibre sur le dos du félin, il active un bouclier autour d'eux par intermittence et bloque la plupart des assauts de Lorelei sans faillir. Pourtant, le terrain rend leur progression difficile, et Ban les rattrape peu à peu.
Sans cesser de les mettre en difficulté, Lorelei se met à hurler:

"Lance-moi! Lance-moi sur eux!"

La mutante est un poids plume. Avec une poussée suffisante, Ban pourrait se mettre à la hauteur des deux fuyards l'espace d'un instant et la jeter dans leur direction.
Comme pour le pousser à réagir, lui faisant comprendre qu'elle ne se laissera pas chuter, la mutante stoppe soudain ses assauts et déploie ses griffes d'acier.

"C'est une idée à la coooooooooooooooooon !"

S’époumone le pirate alors qu'il accélère de toutes ses forces, avant de rediriger ses flammes vers Lorelei, enflammant l'air autour d'elle, la dotant d'un bouclier de flammes destinées à bloquer la riposte attendue de Leed.

Ayant coupé les gaz, et usé de ses dernières forces, le pirate se voit soudain distancé...

"Dernières forces ? Mon cul que j'ai utilisé mes dernières forces ! Tu veux mes dernières forces, CONNARD ? Attends, les voilAAAAAAAAAAAAAA !"

Les mains libres, il se concentre sur la propulsion et avec ses dernières... Euh... Avec ce qui semble être ses ultimes ressources, et rentre à nouveau dans la course !

Le pirate coupe les gaz une nouvelle fois, laissant son élan l'emmener jusqu'à Leed, à qui il délivre un bon gros coup du revers de la main en plein sur le côté du visage. Evidemment, le coup n'est pas mortel et immédiatement, le pirate se retourne vers Lorelei, qu'il prend dans ses bras tout en vérifiant son état.

"Espèce de petite écervelée... Mais t'imagines si jamais il t'était arrivé quelque chose ? Si tu continues à me faire des frayeurs comme ça, je vais avoir des cheveux blancs avant de casser ma pipe, nom de dieu..."

Il entend Leed gémir et détourne un instant le regard vers lui.

"N'essaie même pas, pauvre con. Tes blessures sont sérieuses, et je viens de te taper l'oreille interne, contrairement à ce que son nom indique, ça t'empêche pas de m'entendre -comme tu peux le constater- mais ça te rend sujet à des étourdissements, vomissements, et paralysie partielle temporaire. Oh, bien sûr, tu pourrais soigner ça... En temps normal. Mais tes dons, dans ton état, ne doivent pas être utilisables. Surtout avec la fatigue mentale qui doit s'installer. Et Han doit partager le même état que toi. Conclusion, tu as perdu. La gamine et moi t'avons pété le cul, Leed. Mais je n'ai pas l'intention de te descendre et la gamine est plus en état. Tu comprends ce que ça signifie ?"

Leed tourne les yeux vers le pirate. Il y brûle une colère dévastatrice, que seul son état inquiétant contrôle. Il ne dit rien, mais au fond de son oeil, Ban lit que s'il pouvait encore combattre, l'altalavirien le ferait. Il ne rendra pas les armes, c'est un fait, il faudrait l'abattre pour venir à bout de son acharnement.

"Faut pas qu'on traîne ici. Murmure Lorelei près de l'oreille du pirate. On risque de rester coincés."

Son regard jusque là figé vers Leed, se tourne lentement en direction du hangar. Si son souffle commence à retrouver un rythme lent et régulier, son coeur, lui, bat toujours à tout rompre. Ainsi, malgré son épuisement, la mutante s'écarte de Ban et cherche à se relever. Bien que l'exercice s'avère très rude, elle finit par retrouver un semblant d'équilibre et observe brièvement Han'Drak, qui semble avoir complètement abandonné la partie.

"On a qu'à les abandonner. On n'aura jamais le temps de les sortir d'ici tous les deux...Et de toute façon...J'y comptais pas vraiment..."

Son expression haineuse, bien qu'elle contraste avec son attitude abattue et ses jambes flageolantes, est bien loin de la contredire. Joignant le geste à la parole, Lorelei se met en route vers la sortie, prenant appui contre l'une des parois du couloir. Et si sa démarche fait peine à voir, la mutante n'en demeure pas moins tenace, ne jetant aucun regard en arrière.

Le pirate se relève à son tour. Bon, faudra pas trop lui en demander, mais il reste en meilleure forme que Lorelei, sa fatigue étant principalement mentale. Il s'avance donc tranquillement vers Leed, un air dédaigneux peint sur son visage.

"Tu n'as pas perdu, c'est ça ? Pas face à moi, pas comme ça. Je me trompe ? Non, je ne pense pas. C'est exactement ce que tu te dis en ce moment. Tu n'as pas perdu, ça ne compte pas, j'ai triché. Tu te contentes de protéger ton ego... Maintenant, dis-moi, Leed, combien de mes frères d'armes sont morts pour ton ego ? Parce que tu n'as pas su admettre ta défaite et te retirer à temps ? Combien, putain de fils de chienne à oreilles pointues, combien ? Aucune idée hein ? Ou tu refuses simplement de répondre au traître... Hé bien ce sale petit merdeux de bâtard de fils de pute de traître t'a foutu une taûlée, mon connard. Et plutôt deux fois qu'une. La première fois quand je me suis contenté de te faire une petite cicatrice, et la seconde fois il y a quelques secondes, alors que j'aurai pu te tuer au lieu de me faire chier à te laisser vivre. Une petite merde de perdant. C'est ce que tu es, Leed, et c'est pour ta petite merde de tronche qui vaut pas un rond que des hommes et des femmes ont non seulement donné leur vie, mais aussi sacrifié celle d'autrui, d'innocents, d'enfants. Tu ne vaux pas plus que ça, la petite merde qui ne peut que trembler de peur et de défiance alors que le croque-mitaine s'approche doucement pour t'achever."

Le pirate glisse une main dans la poche de son vieux coupe-vent... Et en ressort un paquet de cigarettes, il en sort une, l'allume et en jette une deuxième aux pieds de Leed.

"Je ne vais pas te traiter de menteur, mon con, mais je vais quand même te rappeler que tu t'es vanté d'être en mesure de pouvoir parer parfaitement toute menace en mon genre. Te voilà maintenant certain d'une chose : Tu te trompais. Je peux te prendre toi et ton Nadris avec un seul putain de membre de mon équipage. Et si tu te rappelles bien la première fois que je t'ai épargné, je n'avais pas eu besoin de l'aide de la gamine pour te mettre échec et mat. Donc prenons les choses dans le bon ordre, je suis ton putain de mac, ma tite pute. Je peux te prendre quand je veux et où je veux. Et, plus important encore, j'avais raison, et tu avais tort. La menace que j'ai mentionnée dans la communication télépathique est réelle. Alors je vais effectuer la putain de mission que tu comptais confier à Hawk, et selon mes termes. Et pourquoi pas amener Han, pendant qu'on y est, si tu arrives à t'endormir sans qu'il te tienne la main après ce passage ô combien humiliant de ta vie. Et en échange de ce petit service, je veux qu'autant que ta position te le permette, tu m'assistes. Pas physiquement, hein, ta sale gueule, je pourrais jamais la supporter au quotidien, mais ton pouvoir politique au sein de l'Alliance, et ton réseau d'informations, tout ça, je veux que, tant que je vivrais -rassure toi, ça va pas durer bien longtemps- je puisse compter sur leur soutien. Et tu vas faire ce que je te dis, et sans me poignarder dans le dos, et ça pour deux raisons."

Il s'agenouille devant Leed, se mettant à son niveau.

"Premièrement parce que t'as essayé de me tuer ce soir, Leed, et que je t'ai pété la gueule. Et tu pourras réessayer autant de fois que tu voudras, je continuerai à te péter la gueule. Toujours. Donc tu as plus vite fait de supporter mes excentricités que de perdre du temps et des ressources à essayer de me descendre. 88% de la galaxie essaie depuis des années et en vain. Vous n'arriverez pas à me tuer, bande de troufions, c'est un fait. Ce qui nous amène au point 2 de pourquoi tu vas me filer un coup de main, en rechignant certes, mais sans coup de pute. Parce que ta fierté, tu vas te la tailler en biseau et t'asseoir dessus. Tu es un putain de général, connard, pas une putain de vierge effarouchée. Tu n'as pas de temps à consacrer à la protection de ta vertu, de ta réputation. Un général n'en reste pas moins un homme, et un homme a déjà énormément de mal à protéger une chose, une seule chose. Tu n'as pas le loisir de t'embarrasser d'idéaux, de valeurs, d'ego. Tu ne peux te soucier que de la victoire. La victoire de l'Alliance, et pas la tienne, sombre con. Fais-toi marcher dessus, fais-toi pisser dessus, fais-toi péter le cul, t'auras une médaille. Et tu auras fait ton boulot. Amener l'Alliance à la victoire finale. Ou ce qui y ressemblera le plus. Et ça, ça passe par le succès de mon plan. La mauvaise nouvelle, c'est que ça veut dire qu'on va devoir bosser ensemble. Et comme je viens de te le prouver ce soir, je ne suis pas un de tes putains de laquais, je n'ai pas d'ordres à recevoir de toi, et je peux te tuer si l'envie m'en prend. Donc ça va être des échanges de bon procédés et des demandes polies de ta part, capice ?"

Le pirate hoche la tête et se relève, se dirigeant vers les ombres, à la suite de Lorelei. La lumière de sa clope permet de suivre sa progression un moment, il en profite d'ailleurs pour s'arrêter et glisser un dernier regard en biais à Leed.

"J'avais parlé d'une mauvaise nouvelle tout à l'heure. Ca veut donc dire qu'il y en a une bonne, non ? Hé bien, dis-moi, Leed, ça te ferait plaisir de me voir crever comme un chien, comme une merde, et de pouvoir déclarer le jour de ma mort fête nationale, non ? Hé bien, si mon plan marche, ce souhait là a toute chance d'être exaucé. Alors travaille dur, d'accord ? On reste en contact par e-mail... Ah, et, simple mesure de précaution, tant qu'on bossera ensemble, j'ai mis aux enchères un terra contenant un secret extrêmement embarrassant pour la Rrrrrrésistance. Si jamais il m'arrivait d'être dans l'impossibilité de rallonger la durée des enchères toutes les 24 heures, hé bien... Tu te doutes de ce qui arrivera, hein ? Sur ce, ciao. Et n'oublie pas d'envoyer un VRAI briefing de mission dans ma boîte mail, et bien foutu s'il te plaît, ne m'oblige pas à débarquer tous les deux jours pour te mettre la fessée..."

Sur ce, il disparaît totalement dans les ténèbres, sans même une trace de son passage que la destruction qu'il a indirectement provoqué...

Plus loin, et silencieux comme une ombre, il glisse un bras autour de la taille de Lorelei, la force à lui passer un bras autour des épaules, et l'aide à traverser la base endommagée, direction le vaisseau, par le trajet le moins dangereux.