[Klov4] Hangar 234a

Danny repose trèèès lentement le flacon en plastique, avec un air coupable, pendant que le féerendel, rouge de colère, tape du pied sur la table à toute vitesse. A mesure que Ban progresse dans son discours, il paraît tantôt surpris, tantôt en colère, tantôt désolé, mais ne dit rien, jusqu'à ce que le pirate se taise. Là, il pointe Danny du doigt, rouge de rage contenue:

"Cette pauvre fille ressemble mille fois plus à la fée Clochette que moi!
-Eh! Proteste la blonde avec un regard outré.
-Je n'aurais jamais rien fait contre toi si tu n'avais pas cette fichue manie de me donner ce surnom débile, premièrement! Et deuxièmement..."

Il croise les bras, les joues bouffies par la colère.

"Je te donne 6500 cris pour le tout, et tu n'en auras pas un de plus!"

Il fait volte-face.

"Aldo!!!"

Un énorme droïde presque sphérique, dont la tête ressemble fort à celle d'un insecte, émerge de l'arrière-boutique et se rapproche de la table. Il tend un petit papier à son maître, qui sort un stylo à sa taille de sa poche. Non sans quelques difficultés, le féerendel s'emploie à y écrire quelque chose de dimension humaine avant de le signer. Son robot se dirige ensuite vers la porte.

"Comme d'habitude, à la banque d'en face. Et pas de grabuge cette fois, je te prie!"

"Gah. T'as toujours ta courge mécanique ? Je te l'ai dit, ce robot me fait froid dans le dos. Tu devrais faire gaffe... Et puis je sais qu'au fond du toi tu l'aimes, que je t'appelle fée clochette. Même si, effectivement, au niveau physique, c'est ma partenaire qui remplit mieux les critères."

Le pirate va se mettre près de la porte, surveillant la rue.

"Va pour 6500. Je repars une fois que j'ai ma thune. Et si, pour la troisième fois consécutive, je me retrouve avec des emmerdes sur le pas de ta porte, je ne garantis pas d'éviter de tirer dans la direction de ton "magasin"... Quoique, ça pourrait être une occasion de déménager. J'imagine bien une petite hutte dans un arbre au milieu de la place publique, à batifoler avec les autres elfes..."

Le forban semble se faire plus sérieux, son sourire disparaissant presque.

"Par contre, fait gaffe à toi. Sérieusement. Les choses bougent, la résistance commence à abattre ses cartes, et on sait tous les deux que l'empire ne va pas se coucher. Soit il appelle, soit il surenchérit. Et il va surenchérir. Ils ont déjà cramé tout une ville... Il se peut qu'ils cessent de considérer Klova et les Kshalirs comme une nécessité d'ici peu. Et à cause de tes conneries, t'as pas la cotte avec eux."

Finissant sa phrase, Ban soupire.

"Regardez moi, je radote comme une vieille folle. Mais blague à part, hésite pas à couper sur tes marges pour éviter des risques, c'est pas le moment de jouer gros. Attend que les choses se calment. Aucun marin ne prend de l'avance dans une tempête, c'est celui qui est prêt à repartir dès que le vent se calme suffisamment qui gagne la course."

Puis il part d'un bon rire.

"Ca t'a déjà pris assez longtemps pour comprendre le coup de la porte, j'ai pas envie de rééduquer une seconde fée..."

Danny a pris d'office le parti d'accompagner le droïde jusqu'à la banque, le féerendel la regarde s'éloigner, l'air toujours aussi hargneux, avant de se laisser tomber sur le derrière.

"J'ai entendu les rumeurs, au sujet d'Hoshal et de Shaosel. Il paraît que l'Empire contrôle la Geddon et que les têtes-de- faucon ont fait sauter Luna Duo. M'est avis que je devrais vraiment déménager pour Mehubel ou Lon-Sicon, avant qu'un soldat trop bavard leur vende la position de Klova et qu'ils viennent la pulvériser avec leur nouveau jouet! Je sais qu'il serait plus dans leur intérêt d'essayer de la contrôler, mais Al'Fendora et les Kshalirs sont plus proches des Résistants que de l'Empereur..."

Il pousse un minuscule soupir.

"Dans tous les cas, le commerce va bientôt être très mal en point ici...Les gens commencent à s'en aller: personne n'a véritablement envie de se retrouver coincé entre deux feux sur les Territoires Indépendants..."

Il marque une pause, glissant un regard suspicieux vers Ban.

"Mais dis donc toi, depuis quand tu ne travailles plus en solo? "

"Je... Travaille toujours en solo. C'est une cliente. Et elle veut être traitée comme une alliée. C'est une mission d'escorte, si tu veux, mais elle ne veut pas avoir l'impression d'être escortée. Bah ! Tant qu'elle paie."

Le pirate s'allume une clope, suivant un instant Danny du regard.

"Elle est bien foutue et se débrouille en combat mais... Elle ne pourrait jamais être ma partenaire. Elle est déjà trop sensible au "mal" qui infeste cette Galaxie. Si elle restait en ma présence, elle deviendrait folle. Le bon côté, c'est qu'elle n'en a aucune envie. Contrairement à Eva et à Rozmaria, qui pensaient... Je sais pas ce qu'elles s'étaient imaginé. Eva... Refusait le "mal". Pour elle, je ne pouvais pas être aussi mauvais. Au fond, je DEVAIS être un petit garçon triste. Sinon, sa vérité sur l'univers partait en miettes. Rozmaria était convaincue qu'il y avait une logique derrière mes actions, sa vérité sur l'univers était qu'on étaient tous prisonniers non seulement des plans des autres, mais aussi des notre. Pour elle, personne ne pouvait... Etre libre. Libre de faire ce qu'on voulait quand on le voulait, sans en avoir rien à faire des conséquences. Pour elles, j'étais la dernière pièce. La prétendue exception qui en fait s'imbriquait parfaitement dans leur idéologie et la confirmait."

Le pirate secoua la tête.

"Comme des papillons attirés par une flamme..."

Silence.

"Alors je continuerai à travailler seul."

Le féerendel fait la moue.

"Contrairement aux autres, j'espère que tu comptes le lui dire. Je ne suis pas un grand humaniste, mais il y a tout de même des choses qui ne se font pas. On peut toujours choisir de laisser les papillons se brûler les ailes, ou de les écarter de la flamme...Mais tu le sais mieux que moi!"

Il se relève et s'en va observer les objets qui attendent toujours sur la table. De l'autre côté de la rue, Danny et le droïde ont disparu à l'intérieur de la banque.

"Espérons que pour une fois elle puisse faire 20 mètres dans la rue sans déclencher un beau bordel."

Le pirate soupire, n'évitant pas plus longtemps la question du Féerendel.

"Elle vit sa vie comme elle l'entend. Elle est différente, elle... A un instinct de survie. Au moins la plupart du temps... Quand je suis concerné. Ce n'est pas à moi de décider ce qu'elle veut. Je lui ai déjà dit que... Le "mal" que j'irradie la dévore. Qu'elle décide de se brûler les ailes ou de mourir de froid... C'est sa décision. Si je la brûle... Hé bien au moins pendant quelques secondes je l'aurai réchauffée. C'est à elle de décider. Elle a toutes les cartes en main. Moi... Je suis et je resterai le même. Quoi qu'il arrive. Parce que ça me plaît."

"Oh, mais je n'en doute pas!"

Le féerendel fait volte-face, un sourire mauvais au coin des lèvres.

"Alors si tu penses réellement que cette fille est capable de déterminer quel genre de personne tu es, et que tu crois réellement qu'elle a un instinct de survie authentique, et efficace, j'espère que tu as déjà commencé à surveiller tes arrières..."

Il se gratte brièvement la joue.

"Il faudra que je pense à lui dire que je lui ferai de grosses remises une fois qu'elle t'aura tué!"

Le petit être éclate de rire avant de retourner à ses objets, s'attardant un peu sur la rouille du colt.

"Sur un sujet sans aucun rapport, tu prendrais combien pour le cadavre bien conservé d'une jolie blonde a gros nibards ?"

Ban éclate de rire à son tour.

Ainsi va la vie, tuer... Ou être tué.

Ni bien, ni mal. Ni sentiments. C'est comme ça qu'il a vécu. C'est comme ça qu'il crèvera.

Mais, au moment fatidique, appuiera-t il sur la détente ?

Oui. Il le doit.

Il le sait, au fond de lui.

Son âme doit être forgée du métal le plus noir

"Ils en mettent du temps, les deux tourtereaux !"

Quelques minutes plus tard, Danny et Aldo ressortent tranquillement de la banque, se dirigeant vers la boutique en discutant. Le robot parvient même à faire rire la jolie blonde, qui tapote amicalement sa carapace de métal.
Une fois entré dans la pièce, Aldo dépose une grosse bourse sur la table, entre le sac et les autres objets, en prenant garde de ne pas écraser son maître.

"Le compte est bon. Déclare Danny. J'ai vérifié."

Elle sourit à Ban, puis au féerendel, avant de le remercier pour sa patience.

"Okay Cloclo, je vais pas faire fuir tes clients plus longtemps."

Le pirate prend le sac et se dirige vers la porte.

"Allez, la blonde, on lève le camp. Au fait, hésite pas à revenir chez notre petit ami. Il parait qu'il veut te faire une réduc'."

Le pirate prit la porte -lisez : donna un grand coup de pied dedans- après avoir rangé sa thune, se dirigeant vers un trafiquant d'armes de sa connaissance.

Le forban s'approche de la boutique du trafiquant et...

Donne un grand coup de latte dans la porte.

Comment ça, monomaniaque ? Mais pas du tout !

"Ding Dong ! Des clients sont arrivés !"

Dénor Dénor, tu m'entends ? PIque un peu de sang, je te le permets, tu vas peut-être avoir du boulot.

"Alors quoi ? Les p'tites salopes sortent leur feu ? Faites vous un shoot pour vous calmer les nerfs, bande de tarlouzes, avant que je ne vous fasse cracher toutes vos PUTAINS DE DENTS ! SIX CONNARDS PENSENT POUVOIR ME FAIRE LA PEAU ? A MOI ? SIX ??? Dépêchez-vous d'acheter vos conneries -et sans chipoter sur les prix !- avant que je ne vous apprenne à écrire Midô Ban ! AVEC VOS BOYAUX !"

Le sourire du pirate s'élargit. Une bonne baston. Ca allait être bon.

"Sinon je vous encastre dans les murs."

HJ : Action préparée : se fondre dans les ombres. Déclencheur : Si un des six connards va pour ouvrir le feu (on peut le repérer à une tension générale, un réaffermissement de la main sur l'arme et à un éclair dans les yeux) /HJ

The member 'Midô Ban' has done the following action : Lancer de dés

'100' : 28, 89, 92, 42

Le bouclier est efficace: les tirs du suivant percent la tête de son collègue alors que Ban glisse au ras du sol, lui tranchant les tendons d'achille en l'espace d'un souffle. L'ennemi bascule irrémédiablement sur la dernière cible du pirate, l'empêchant de le viser, alors que celui-ci se redresse d'un coup et lui lacère violemment la gorge.
Tout près, Danny a bien rempli sa part: les deux autres clients sont empilés l'un sur l'autre, apparemment sonnés.
Ban achève celui qui tente de ramper vers une arme d'un bon coup de dénor-fusil à pompe, puis se tourne vers Mikelu, qui n'a pas bougé d'un pouce et est plus couvert de sang que le pirate lui-même. Le trafiquant sourit toujours.

"J'avais justement besoin de refaire la peinture..."

Danny n'est pas réapparue.

"Et de changer ta porte."

Ban extirpe une chaise d'un coin et s'assoit en face de Mikélu.

"Bon, je vais faire court. J'ai besoin d'un flingue pour ma comparse..." Justement, Ban se retourne et hurle "RAMENE TON JOLI POSTERIEUR PAR ICI !" Puis, de nouveau regarde Mikélu. "Donc, une arme pour elle, j'ai aussi besoin de protections. J'ai entendu dire que tu avais des puces E-A75. Tu sais, celles qui utilisent des décharges électriques pour durcir des vêtements normaux en cas de choc. Mon manteau est déjà équipé pour, il suffit de changer la puce."

Mikelu se met à rire. Sa vanité est légendaire, et il ne se lasse pas de déployer tout son orgueil à travers les regards qu'il lance au pirate.

"Ton amie...Qui est tout à fait charmante, soit dit en passant...M'a demandé de te remettre ça.

Il dépose un morceau de papier plié en quatre devant Ban.

"Je n'avais encore jamais eu l'occasion de me retrouver coincé dans une sphère de temps immobile avec une aussi jolie femme, il est dommage que cela n'ait pas duré suffisamment longtemps pour que mon charme opère...Mais je lui ai fait un très beau cadeau, je suis certain qu'elle reviendra..."

Il se lève, laissant à Ban le temps de déplier le papier pour y lire:

"L'Enfer, c'est les autres."

Mikelu ouvre un réfrigérateur et en sort une bouteille.

"J'ai de la bière, tu en veux?"

"Seulement si t'as de la B00z3."

Ban se sortit une clope.

"Bordel, c'est quoi cette abrutie..." Il froissa le papier. "Elle a pris le temps de te dire ce qu'elle voulait ? Parce que j'ai pas la mémoire des noms de flingue."

Mikelu revient à sa place, posant la bouteille devant le pirate, tout en avalant une gorgée de sa propre bière.

"Oh, voyons, tu ne comprends pas?"

Il croise les jambes, ses yeux étincellent comme ceux d'un chien à l'affût d'un mauvais pas. Ses insupportables boucles brunes et son attitude hautaine rappellent à quelle classe d'humains il appartient.

"Elle a déjà acheté ce qu'elle voulait et je lui ai gracieusement laissé quelques modules en plus, parce qu'elle est vraiment adorable...Vu la façon dont elle te regardait, je crois que ta bourse est plus légère que ce qu'elle a bien voulu te faire croire, et je crois aussi que tu ne la reverras pas de sitôt...Soit c'est une belle arnaqueuse, soit tu n'es vraiment pas doué avec les femmes, Midô. Te connaissant, je pencherais plus pour la seconde option."

Le pirate ouvre sa bière, écoute bien le son, puis, satisfait, commence à la descendre.

"Rien à battre."

Il repose sa bouteille.

"Si elle veut que le boulot soit fait, elle n'a d'autre choix que de me retrouver quand je partirai. Franchement, j'en ai marre de toutes ces conneries. Elle essaie de se faire tuer, c'est con, chiant, mais ça la regarde. Par contre, qu'elle essaie de ME faire tuer me soule. Ca m'a amusé pendant un temps d'essayer d'être humain avec elle, mais j'ai assez perdu de temps. Elle veut ma peau ? Elle veut mon temps ? Elle veut mon attention ? Hé bien elle n'a qu'à venir les prendre, car je ne lui donnerai rien de plus. La méthode douce ça va bien cinq minutes, mais je ne vais pas courir après elle toutes les deux secondes pour sécher ses larmes."

Le forban reprend de la bière.

"Ou, pour faire court : Effectivement, je ne suis pas doué avec les femmes. Hey, on ne peut pas tous être toi. Personnellement, je préfère savoir qu'il faudrait un commando très, très, très bien armé et entraîné pour me faire la peau."

Il finit sa bière.

"Alors, ces puces."

Mikelu pousse un soupir amusé, puis ouvre un tiroir juste devant lui, et y fait tranquillement le tri, en ajoutant:

"Je n'aimerais franchement pas qu'une femme me dépouille de mon argent avant de filer en douce en mettant une personne de mon genre dans la confidence..."

Il sort une petite boîte en métal, qu'il ouvre devant les yeux de Ban. Elle contient six puces différentes parfaitement encastrées dans un socle en mousse taillée.

"Il y a plusieurs adaptateurs, ne te trompe pas, je ne fais ni les remboursements, ni les avoirs."

Le trafiquant s'enfonce dans son fauteuil, surveillant avec attention le choix de Ban, tout en continuant, sûrement pour meubler:

"Je ne crois pas que la belle Danny cherche a faire partie de ton monde, Midô. Elle avait plutôt l'air d'une femme qui attendait seulement qu'une occasion se présente pour partir sans jamais se retourner, et ce genre de femmes sait très bien se débrouiller. Quoi que tu aies pu lui proposer, elle va trouver une autre solution, et vu la vitesse à laquelle elle est partie, je pense que même ta mort ne l'intéresse pas. Tu es donc le genre d'homme que je dois remercier: cela en fait toujours une de plus à mettre dans mon lit."

Le pirate ricane d'un air vicieux en enlevant son manteau pour vérifier la compatibilité avec les puces.

"Mon monde ? Hin hin hin... Elle fait déjà partie de mon monde. C'est pour ça qu'elle souffre, c'est pour ça qu'elle fuit. Elle commence à comprendre maintenant... Tu vois, elle va courir, vite, loin. Elle va m'oublier, elle va aller dans les bras d'un type un peu comme toi -mais moins bon, bien sûr- elle va chercher à faire ce qu'elle faisait avant qu'elle ne me rencontre, elle va essayer de se glisser dans ses vieilles chaussures. Et alors... Elle se rendra compte qu'elle ne rentre plus dedans. Elle fait partie de mon monde depuis des années... Et elle vient de le comprendre. Hin hin hin... Elle avait besoin d'une dernière... Impulsion. D'un sentiment aigre-doux. Et maintenant..."

Ban en choisit une.

"Combien ?"